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Les HOMMES du GROUPE de CHASSE
GC III/6 (3/6) La guerre
de Joseph Adolphe BIBERT 1939-1944 Troisième
partie III. En A.F.N. |
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Lien : DEWOITINE D.520 |
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Lien : BELL P-39 « Airacobra » |
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première partie : I. de CHARTRES à BOUILLANCY Retour
vers la seconde partie : II de WEZ TUISY au LUC EN PROVENCE |
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SOMMAIRE de la
TROISIÈME PARTIE Cliquez sur les liens ci-dessous |
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Traversée de la
Méditerranée - Constantine 20/06/1940 –
11/07/194 |
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11/07/1940 – 15/01/1943 |
16/01/1943 – 19/06/1943 |
19/06/1943 – 03/08/1943 |
03/08/1943 – 25//04/1944 |
Après l’A.F.N : Première
Escadre Aérienne |
L’histoire
du GC III/6 rédigée ici, fruit de plusieurs années de travail, ne se lit pas comme un livre !
Si elle est présentée en trois parties, sur trois pages Internet principales
constituant simplement le squelette de ce récit, de multiples pages complémentaires (une centaine) s’ouvrent en
cascade à partir des liens soulignés (de couleur bleu-vif) : album de
photographies, biographies, articles de presses, etc. etc. A chacun d’ouvrir
ces pages comme un dictionnaire,
dont on n’a jamais fait complètement le tour, d’où le besoin et l’envie d’y revenir pour compléter son information
et, je j’espère, son plaisir... |
Ces trois
pages principales, pour ne pas les surcharger, ne contiennent qu’une partie
des photographies mises en ligne. La plupart de celles prises par Joseph Bibert, plus personnelles, se trouvent dans les pages
annexes « Album de Joseph Bibert » ou dans les pages de biographies de pilotes accessibles par différents liens
posés chapitre par chapitre. De même, si le récit est chronologique, ce n’est
pas un « journal » puisque l’historique
du Groupe et les livres de marche
de ses deux Escadrilles, documents officiels au jour le jour, ont été
retranscrits et mis en ligne dans trois pages annexes accessibles par les
liens suivants : |
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MOUVEMENT vers L’ALGÉRIE
LA TRAVERSÉE DE LA MEDITERANNÉE
du LUC en PROVENCE à CONSTANTINE, via PERPIGNAN et ALGER
20/06/1940 – 11/07/1940
PERPIGNAN - LA SALANQUE |
18/06/1940 |
Personnel navigant |
ALGER MAISON - BLANCHE |
20/06/1940 |
Personnel navigant |
MARSEILLE |
20/06/1940 |
Personnel au sol |
MORSOTT |
23/06/1940 |
Une partie des pilotes |
CONSTANTINE |
23/06/1940 |
Capitaine STEHLIN + les autres pilotes |
CONSTANTINE |
27/06/1940 |
Regroupement du personnel navigant |
CONSTANTINE |
30/06/1940 |
Regroupement de tout le Groupe |
ALGER |
11/07/1940 |
Tout le Groupe |
PERPIGNAN LA
SALANQUE - ALGER |
L’Échelon volant
Dans la seconde partie de « L’Histoire des Hommes du
GC III/6 » on a vu que le Groupe a quitté le Luc le 18 juin, et
non le 19 comme le dit le Général STEHLIN dans ses mémoires, pour se regrouper
à Perpignan La Salanque avant de rejoindre l’Algérie, conformément à l’ordre
donné le 16 juin par le Chef d’Etat Major, le général VUILLEMIN, de replier en
AFN les dernières unités aériennes françaises. Le 20 juin en début d’après-midi
un peu plus de trente Dewoitine 520, ceux du GC III/6 (27) mais aussi ceux
de quelques instructeurs qui ont demandé à se joindre au groupe ayant pour cela
« récupéré » un avion tout neuf à l’usine DEWOITINE de Toulouse
accompagnés de quelques pilotes isolés des groupes partis la veille se sont
posés à Alger.
Les journaux et livres de
marches des deux Escadrilles n’ont pas pu être tenus au jour le jour et ils ne
fournissent malheureusement que peu d’indications depuis la « journée
mémorable » du 15 juin (le quintuple de LE GLOAN), sur la période agitée
du transfert vers l’Algérie, sur les armistices avec l’Allemagne puis l’Italie,
sur les conditions précises du regroupement de l’ensemble du Groupe,
« navigants » et « rampants » à Constantine et sur la
tragédie de Mers el-Kébir. On peut seulement penser que le trouble devait être
profond dans les esprits.
Paul STEHLIN devenu Général
d’Armée Aérienne puis Chef d’Etat Major de l’Armée de l’Air a publié en 1964 « Témoignages pour l’Histoire »
et donne sa vision toute personnelle des conditions de cette évacuation ;
il se met beaucoup plus en avant qu’il ne l’a réellement été. Certains
historiens de l’aviation, malheureusement, ont souvent considéré que l’histoire
du GC III/6 avait été écrite définitivement à travers les quelques pages dans
lesquelles il narre son action à la tête du Groupe de mai à octobre 1940 ;
mais ce n’est pas « l’Histoire » du Groupe.
Il commence par dire qu’il a
reçu au Luc le 19 après-midi un message par avion de liaison lui indiquant que
son Groupe est attendu depuis la veille à Perpignan, puis raconte comment il a
reçu quelques heures plus tard à Perpignan dans des conditions rocambolesques
l’Ordre Particulier n°55 du 17 juin à 0h 00 (près de 48 heures plus
tard ?), signé du Général BERGERET, un des adjoints de VUILLEMIN, lui
demandant de préparer le III/6 à participer à une concentration de toutes les
forces aériennes en Algérie en vue « d’une opération brutale et puissante contre l’Italie du
Sud les îles et la Libye » en se rendant « sur le terrain
régulateur d’Oran. »
La thèse que le Général
STEHLIN veut développer est qu’aucune opération de ce genre n’a réellement été
envisagée et que cet ordre n’était qu’une mesure de précaution pour éviter que
des commandants d’escadrille ne veuillent rejoindre directement Gibraltar. « J’ai toujours
amèrement regretté de m’être laissé tromper aussi grossièrement » dit-il avant de parler de la manière dont les autorités militaires
auraient tout fait ensuite pour clouer les avions au sol en les privant de
carburant et de son projet de conduire son Groupe à Malte, avorté par l’attaque
anglaise sur Mers el-Kébir du 3 juillet. « Dans mon groupe c’est la consternation, l’un parle de
trahison des Anglais, l’autre assure que les Anglais ont été toujours nos pires
ennemis. Notre plan s’évanouit très peu de temps avant qu’il ne soit prêt. Nous
n’avons eu connaissance de l’appel du Général de Gaulle que plus tard et la
propagande de Vichy a la tâche facile de refaire de l’Angleterre l’ennemi
héréditaire. »
Rien n’est cohérent dans ses
mémoires et aucun Ancien de son Groupe n’a évoqué un quelconque plan de
départ concerté vers une terre anglaise dans les leurs !
Pourquoi cette
« erreur » de date sur le départ de l’échelon volant du III/6 à
Perpignan ? Pourquoi ces « confusions » dans les ordres
reçus ?
« Le 18 juin j’ai le sentiment d’un isolement complet […] Le
19 juin, dans l’après-midi je reçois enfin un message transmis par un avion de
liaison qui m’informe que depuis la veille mon groupe est attendu sur le
terrain de Perpignan-La Salanque… »
Commencer en 1964 un
paragraphe de ses mémoires par « Le 18 juin… » n’est peut-être pas innocent quand on veut magnifier ses états
d’âme de ce fameux jour de 1940, alors qu’on a eu connaissance de l’appel
historique du Général de Gaulle que bien plus tard ! Voilà sans
doute les bonnes réponses aux questions qui se posent.
Bien des livres ou des
chroniques ont été écrits après la guerre par ceux qui ont été aspirés dans
cette grande tourmente, et bon nombre de lignes de ces ouvrages présentent les
faits d’une manière permettant à leur auteur de donner à penser qu’ils avaient
apprécié le « sens de l’histoire » plus tôt qu’ils ne l’ont fait
réellement. Le commandant Paul STEHLIN sera finalement appelé à Vichy à
l’État-major de l’Amiral Darlan fin octobre où il occupera des fonctions plus
politiques que militaires auxquelles il a été habitué et on ne sait rien d’autre
de « sa
tentative de ralliement » dont il parle
en quelques lignes confuses dans ses mémoires. Encore Chef d’Etat Major de
l’Armée de l’Air en 1963, il avait tous les moyens de se faire préparer une
chronologie sans erreur de son activité au III/6 pour rédiger ses mémoires
publiés en 1964 avant de se présenter à la députation.
Dans le livre de marche de la
sixième Escadrille, son rédacteur anonyme écrit d’ailleurs le 8 juillet
1940 : « Le 11 juillet, à la suite du bombardement de Mers el-Kébir
par nos ex-amis Anglais, le groupe retourne sur le terrain d’Alger
Maison-Blanche […]. L’armistice fut signé les 23 (erreur :
c’est le 22)
et 24 juin à l’avantage de nos ennemis, dont les longues dents s’useront
espérons le contre l’Angleterre qui continue la lutte plus que jamais. » L’expression « ex amis anglais » semble plus
ironique que méchante, sans doute entendue dans la bouche de certains
chefs… ! Mais l’espoir que les Anglais gagnent la guerre est clairement
exprimé sous la plume de ce pilote du GC III/6 qui tient le livre de
marche. On est bien donc loin de la « consternation » et des mots « trahison » et « pires ennemis » attribués par
Paul STEHLIN à ses pilotes parlant des Anglais…
Entre l’ordre salutaire du 16
juin de transférer la plupart des groupes aériens vers l’A.F.N. et l’armistice
du 22, il n’y a pas eu que les bons d’un côté qui voulaient immédiatement
poursuivre la lutte coûte que coûte et les mauvais de l’autre qui avaient déjà
décidé de collaborer avec les futurs vainqueurs de la guerre que tout le monde
savait perdue dans l’hexagone. C’était la débâcle. Du Chef d’État-major, le
général VUILLEMIN, au dernier des petits mécaniciens, la préoccupation initiale
et naturelle de sauver tout ce qui pouvait l’être et de se sauver soi-même a
donc été initialement la même.
Mais tout va beaucoup trop
vite, et l’armistice devenant inéluctable, pourquoi ne pas croire le Général
VUILLEMIN sincère et réaliste quand il écrit le 20 « La rupture, du fait
de l’Armée de l’Air, des clauses d’un armistice entraînerait inévitablement la
reprise des hostilités, l’occupation totale du territoire français, la
disparition de l’armature gouvernementale et, finalement, de la nation
française… » C’est certainement dans cet
état d’esprit, que la crainte de départs vers Gibraltar d’unités entières ou de
pilotes à titre individuel a conduit à donner un peu plus tard des ordres
visant à priver certaines unités des moyens de le faire, en les orientant vers
des aérodromes reculés, sans possibilité de ravitaillement en carburant et en
munitions. Et il n’y a rien non plus à redire quand le 23, le Chef d’Etat Major
donne cette fois-ci l’ordre de cesser tout transfert et de ne plus détruire
aucun matériel. Ce n’est pas un revirement, c’est un enchaînement logique.
Si la France est restée la
France grâce au Général de Gaulle, le Rebelle, et à sa vision unique de
l’histoire, sachons aussi respecter ceux, qui confrontés à l’énormité des
événements et les mains dans le cambouis, ont, à leur manière et dans le
respect de la discipline militaire, pris les décisions qu’ils croyaient être
les meilleures dans l’instant présent et dans leur sphère d’autorité. On peut
par contre être beaucoup plus critique envers les politiques qui avaient depuis
longtemps mis le pays en situation de ne pas pouvoir faire face à la menace
Hitlérienne.
Confirmation
de cette thèse Dans un texte de Patrice Facon re-publié en 2020 dans « AIRPOWER IN 20 TH CENTURY -
DOCTRINES AND EMPLOYMENT - NATIONAL EXPERIENCES » l’auteur fait
strictement la même analyse que celle que nous avons exposée dans les lignes
ci-dessous, sans d’ailleurs avoir pu en prendre connaissance préalablement. Ce texte peut être lu en
ouvrant le lien ci-dessous : Les
dernières décisions du Général VUILLEMIN avant les armistices |
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18 JUIN 1940 : Revenons plus
simplement au GC III/6. Il n’est pas discutable que ce fût bien le mardi
18 juin après-midi, entre 16 et 17h 00 que, trois par trois, les Dewoitine
quittèrent Le Luc pour Perpignan – La Salanque atteint au bout de 1h 20.
Le sgt GABARD retardé par des ennuis mécaniques
auquel son fidèle mécanicien va pouvoir remédier, n’a quitté le Luc que
quelques heures plus tard. Le s/lt SATGÉ doit laisser
son D.520 n°357 codé « 27 » au lt MARTIN de
la 5ème, dont l’appareil en panné sera abandonné au Luc et transféré
plus tard, et le pilote de la 6ème gagnera Toulouse le lendemain par
ses propres moyens pour en récupérer un nouveau, ce sera le n°346. A La
Salanque, c’est le grand bazar ! Outre le GC III/6, le II/3, le
III/3, le II/4, le II/5 et le II/7 sont présents. Heureusement, dans la
journée, les Groupes III/2, I/3 et I/4 ont fait la traversée et on attend
encore le GC I/5 qui n’arrivera que le 20 juin et repartira immédiatement.
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Dewoitine
D.520 sur le terrain d’aviation de Perpignan La Salanque le 19 juin 1940 Un fût
d’essence est déposé devant chaque appareil - Les pleins sont faits à la main
à l’aide d’une pompe Japy (à droite) D’après le marquage il doit s’agir de la
première Escadrille du GC III/3 Collection Louis Bassères – Résidant à La Salanque |
Faute de distributeurs en
nombre suffisant, le ravitaillement en essence est extrêmement lent. Les
pilotes doivent faire les pleins de leurs appareils eux-mêmes, opération
fatigante qui se poursuit tard dans la nuit à la lumière de la lune pour
certains.
Les plus chanceux sont
emmenés dans un restaurant de bord de mer pour tenter de dîner, mais il y a
tant de monde qu’ils doivent attendre leur tour. Pour leur trouver un
hébergement, un car les emmène dans un village où le maire essaye de leur
trouver des places chez l’habitant. Une femme, derrière des volets clos,
exprime bruyamment son refus en catalan, ce qui met fort en colère le capitaine
STEHLIN, peu habitué à ce qu’on lui résiste ; il sort son pistolet et
menace de tirer dans la persienne ! Le Maire peut le calmer et lui trouver
un gîte digne de lui !
19 juin 1940 : Le lendemain mercredi
19 juin, les préparatifs se poursuivent.
Au dernier moment la
destination finale a changé, c’est maintenant Alger. Mais le vol de Perpignan
jusqu’à cette ville en 1940 n’est pas une chose si simple qu’on pourrait le
croire pour une escadrille de chasse et des pilotes qui n’ont sans doute jamais
survolé la mer si longtemps. Pour ces 2h 1/2 de vol, les réservoirs
supplémentaires de bord d’attaque des Dewoitine doivent être utilisés, mais ils
n’ont jamais été branchés en usine ; du fait qu’ils n’étaient pas
protégés, on craignait une explosion s’ils étaient touchés par une balle
incendiaire ! Pour procéder aux branchements, les mécaniciens du Groupe
n’étant pas là, les pilotes doivent prêter la main aux trois spécialistes de la
maison Dewoitine mis à leur disposition. Pour dévisser les tôles couvrant les
accès aux tuyauteries, ils doivent se passer de main en main les deux seuls
tournevis cruciformes qu’ils ont trouvés ! Il faudra prendre en compte que
le poids supplémentaire des appareils dû aux réservoirs auxiliaires réduira un
temps leur vitesse.
20 juin 1940 : Dans la matinée du
jeudi 20 juin, le Groupe décolle. Au dernier moment le s/lt
SATGÉ est arrivé de Toulouse avec un nouvel avion qui a pu lui être affecté et
partir ainsi avec ses camarades. Par contre le cne
GUERRIER a au décollage un problème avec son train d’atterrissage : il
perd du temps avant de pouvoir le fermer grâce à quelques évolutions autour du
terrain et il va faire le trajet loin derrière, en compagnie du sgt Michal CWYNAR qui l’a attendu, tous deux seuls et pris
à partie par des tirs d’artillerie espagnols à proximité des baléares. Ce n’est
qu’un hasard, mais ils avaient tous les deux installé une précieuse cargaison
derrière la plaque de blindage du siège de leur avion : CWYNAR, sa
guitare, et GUERRIER son matériel de pêche !
Les pilotes doivent faire
leur navigation sans carte, sans connaître la côte algérienne, et avec les
seules indications de vitesse et de cap données par leurs instruments, alors
que beaucoup des montres des tableaux de bord des Dewoitine ont été volées dans
la nuit ! Des pages prélevées dans les atlas des écoliers de Saint-Laurent
La Salanque, des cartes du « Calendrier des Postes » ou des « Chemins
de fer » ont été emportées par les pilotes sur lesquelles ils ont préparés
leur vol : cap 160 pendant 20 minutes, puis cap 190 pendant 55 minutes
pour éviter les Baléares, puis cap 200 pour tomber un peu à l’est d’Alger et
apercevoir la « Grande Ville Blanche » à sa droite avant de descendre
sur Maison-Blanche. Un pilote a pu décalquer sur un bout de papier sulfurisé,
récupéré dans une cuisine, les contours des côtes espagnole et africaine sur
lequel il a tracé son plan de vol pour Oran, sa destination initialement prévue ;
il n’a eu le temps ensuite que de tracer une droite pointillée entre Perpignan
et Alger lorsque la destination finale fut connue et de garder en tête les
indications de cap et de temps indiquées.
Reproduction de la carte tracée par le sergent
GOUZI du GC III/3 pour son vol de Perpignan à Alger
Heureusement le capitaine
ASSOLLANT, le premier Français à avoir traversé l’Atlantique d’ouest en est en
1929 à bord de « l’Oiseau Canari », et qui, les 10 années suivantes,
a sillonné l’Afrique en tous sens comme chef pilote de l’aviation civile à
Madagascar, est un navigateur hors pair. De plus, le survol des Baléares peut
permettre de corriger éventuellement le cap s’il le faut. C’est donc lui qui
mène les avions pour cette traversée (*). La plupart des
pilotes ont le « trouillomètre » à zéro de peur d’être isolé de leur
guide !
(*)
Mémoires du lieutenant MENNEGLIER : « …Enfin le matin du
20 juin tout le Groupe décolla en direction d'Alger sous la conduite du
capitaine Assolant qui avait l'habitude de la navigation au compas… »
Mémoires
du capitaine STEHLIN : « ... Le III/6 est rassemblé au complet
au-dessus de La Salanque quand JE mets le cap sur les Baléares... ». Sans
commentaire...
Les Dewoitine passent en vue
des Iles Baléares sans rencontrer les avions ennemis que des renseignements
malveillants avaient annoncés. A proximité des côtes algériennes, un Bloch 174
vient à la rencontre des arrivants pour les guider jusqu’à Maison-Blanche où
ils atterrissent après 2h 40 ; c’est aussi la grande pagaille sur ce
terrain complètement désorganisé par l’arrivée massive en quelques heures de
tout ce qui vole encore après la campagne de France.
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Alger la « La blanche » telle que
les pilotes du GC III/6 purent l’apercevoir de loin avant de se poser sur le
terrain de Maison Blanche le 20 juin 1940 |
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A gauche,
carte « Michelin » de la région d’Alger de cette époque où figure le
terrain d’aviation de Maison Blanche, 10 km à l’est du centre-ville A droite, sur un extrait de la carte
d’état-major de la région, l’implantation plus détaillée de ce terrain vers
1935– Noter à gauche « Smar » (voir plus
loin) |
Les archives du III/6, n’en parlent
pas beaucoup, mais tout ne s’est pas passé aussi bien que généralement
rapporté. Outre le cne GUERRIER et le sgt CWYNAR, le s/lt KAWNICK,
parti avec le Groupe, avait dû retourner à La Salanque, son hélice restant
obstinément au petit pas. On put le dépanner et il repartit seul vers l’Afrique
du Nord.
Concernant le s/lt polonais KAWNICK on a la chance de posséder deux
témoignages d’origine totalement différente, mais heureusement concordants, au
moins pour l’essentiel :
Le premier est celui du lieutenant
mécanicien du III/6,
Témoignage du lieutenant
« …Nous passâmes tout l’après-midi à l’attendre... Il
arriva à Maison-Blanche en taxi vers 18h trempé mais souriant, et raconta son
aventure. Il était parti vers 13h de La Salanque avec une hélice qui
n’avait plus de caprice. Il n’avait pas de carte mais il avait reproduit sur
un carnet le profil de la côte algérienne entre Oran et Bougie avec au milieu
une grande ville blanche qu’on voyait de loin : Alger. Il savait qu’il
devait passer au-dessus des Îles Baléares et continuer tout droit pour
arriver à Alger. Fâché avec le compas il avait préféré simplifier le problème
et « aller droit soleil ». Il passa effectivement au-dessus des
îles Baléares mais en vue de la côte algérienne, il ne vit pas la grande
ville blanche et la chercha en suivant la côte vers l’est. En ne la voyant
toujours pas et s’apercevant qu’il s’était trompé et qu’il fallait la
chercher vers l’ouest, il fit demi-tour. Mais quand vint enfin la grande
ville blanche, il n’avait plus d’essence et il posa son avion sur l’eau,
hélice arrêtée et train rentré à 200 m de la plage de Maison-Blanche. Avant
que son avion coule, il prit sa petite valise derrière le pare-balles du
cockpit et nagea vers la plage. Il mit longtemps à trouver un taxi qui le
conduise à l’aérodrome de Maison-Blanche et se présenta au capitaine Stehlin vers 18h, penaud, honteux de son aventure, mais
heureux d’avoir retrouvé ses amis… » |
Le second, totalement indépendamment
du III/6, est celui du général Albert PESTRE, né en Algérie en 1924, ancien
élève de l’École de l’Air (promotion AFN 1943). Il faisait partie de la
génération d’officiers de l’Armée de l’Air, qui ont partagé leur formation
entre Marrakech et les États-Unis mais qui n’ont pas participé aux opérations
aériennes en Europe. Au Groupe de Bombardement 2/20 « Bretagne » fin
1945, en Indochine, en Algérie, et commandant de la BA.105 d’Evreux en 1970,
décédé en 2009.
Page
consacrée au général Albert PESTRE
Témoignage du général
Albert PESTRE - Alors lycéen à Alger, il avait 16 ans « … En Algérie, nous étions bien loin des zones de
combat. Néanmoins un jour, c'était le 20 juin, nous fûmes les témoins directs
de la réalité de notre effondrement militaire. Entendant un bruit de moteurs
lointain ne cessant de s'amplifier, nous vîmes arriver sur nous les premiers
avions de chasse qui avaient fui la Métropole, en s'élançant au-dessus de la
Méditerranée, pour trouver refuge sur le sol africain. C'étaient des
« Curtiss P-36 » et des « Dewoitine 520 ». Leur axe
d'arrivée sur la base de Maison-Blanche les faisait passer pour la plupart
dans un vrombissement de tonnerre juste au-dessus de la propriété, à très
basse altitude, seuls ou en patrouilles de deux ou trois appareils. Chaque
fois que nous entendions un ronronnement lointain qui s'approchait, ma
cousine, mon cousin, mon frère et moi, nous nous précipitions hors de la
maison pour assister au spectacle. Puis nous suivions des yeux leurs
silhouettes noires se découpant sur le fond bleu du ciel, jusqu'à les voir à
l'horizon amorcer un large virage, avant de s'engager dans la descente vers la
piste d'atterrissage. Parmi les pilotes qui quittèrent la France, l'un d'entre eux
put tout juste atteindre le rivage de l'Algérie. Amerrissant à quelques
centaines de mètres de la côte, il réussit à s'extraire avec beaucoup de
peine de sa carlingue… Puis il s'effondra évanoui sur la plage, le front
ouvert, sa tête ayant buté sur le collimateur. » « A quoi tient
la vie… » Société des Écrivains – 2005 |
Mémoires de Jean
MENNEGLIER – 6ième Escadrille du GC III/6 « ...A Maison-Blanche nous faisons connaissance avec
l'Afrique et avec sa population de musulmans et de pieds-noirs. Il y avait
sur le terrain un excellent mess. Au bar on servait dans de grands verres le moscatel des Pères Blancs qui, bien frais, descendait
tout seul. On en prenait et on en reprenait. A table il y avait rosé et blanc
frappé à discrétion. Rien d'étonnant à ce que l'après-midi on ait envie de
faire la sieste. Il me fallut un ou deux jours pour me rendre compte qu'il
fallait se modérer sur la boisson. Nous ne restâmes pas longtemps à Alger car
on nous envoya sur un terrain de
campagne à Morsott au sud de
Constantine.... » |
A Alger, les valeureux pilote
Polonais sont envoyés dans un centre de regroupement avant de gagner la
Grande-Bretagne où ils seront intégrés dans la R.A.F. Quatre pilotes de D.520
qui ont fait la traversée avec de III/6 sont intégrés dans ses effectifs :
le cne Hugues
BOULARD de POUQUEVILLE, affecté temporairement à l’État-major ; le cne
(*) Mémoires du lieutenant MENNEGLIER : « L'un
d'eux était le capitaine Sautier, un polytechnicien qui avait appartenu au
Centre d'essai en vol (C.E.V.). C'était un charmant camarade qui resta quelque
temps avec nous puis rejoignit la France où il avait laissé sa famille. »
L’Échelon roulant
18 juin 1940 : Le transfert vers l’A.F.N.
du reste de l’effectif du Groupe, dont les mécaniciens et leur chef le
lieutenant BRAUDEAU, fut plus difficile ; faute d’avion pour leur
transport, tous sont restés au Luc le mardi 18 juin après le départ des
Dewoitine en attente des ordres. A partir de là, il y a télescopage entre les
« Mémoires » du Général STEHLIN de 1964 et de celle de
Pour tenter de remettre les
choses dans l’ordre : L’adj. GOUJON, qui est arrivé à La Salanque avec
tout le Groupe le 18 juin vers 18h 30 aurait été immédiatement renvoyé au
Luc par le cne STEHLIN vers le lt BRAUDEAU pour lui porter l’ordre de mettre en route
l’échelon roulant le lendemain. Le général STEHLIN qui situe son arrivée au Luc
tard dans la soirée le 19 écrit : « ...Dès que je sais ce qui va se passer, je renvoie GOUJON
au Luc pour donner à l’échelon roulant l’ordre de s’embarquer à Marseille pour
Alger… » et il ajoute « …je suis dans l’autocar
qui doit nous conduire dans un village proche de Perpignan pour y passer la
nuit quand un planton me remet une note qui m’est destinée. C’est un ordre qui
émane du Commandant en Chef des Forces Aériennes. Il m’est ordonné, tel quel,
sans pli cacheté, comme une carte postale que tout le monde peut lire :
« Exemplaire n°27 G.Q.G.A. le 17 juin 1940, 0 heure « ORDRE PARTICULIER N° 55 POUR LE GROUPE DE CHASSE III/6 1) J’ai décidé d’entreprendre une opération brutale et puissante. Cette opération sera précédée d’une concentration rapide contre l'Italie du Sud, les îles et la Libye. Cette opération sera précédée d'une concentration rapide de toutes les forces de bombardement disponibles en Afrique du Nord, où elles seront maintenues jusqu'à obtention du résultat recherché. La couverture du déploiement de ces moyens et du territoire nord-africain contre les ripostes du bombardement italien sera assurée par l'ensemble des moyens de chasse actuellement basés dans la métropole. 2) En conséquence, dès réception du présent ordre, le Groupe de Chasse III/6 se dirigera sur l’Afrique du Nord la totalité de ses échelons volants disponibles (appareils montés par équipages de guerre). 3) Terrain de départ : La Salanque Terrain régulateur : Oran où vous trouverez des instructions concernant les terrains d'opérations où vous devrez vous rendre. Le mouvement des échelons roulant fait l’objet d’instructions particulières. Pour le Général-Commandant en chef des Forces aériennes, Pour le Major général, l'Aide-Major général chargé des opérations : Signé : BERGERET » |
Il affirme que ces ordres
verbaux étaient accompagnés d’une copie de la note du Général BERGERET. A noter
que l’adj GOUJON qui s’est posé à La Salanque en fin d’après-midi le 18 juin,
tenant compte des pleins à faire, ne pouvait qu’être de retour au Luc que tard
dans la nuit !
Tout cela semble bien
abracadabrantesque ! Même si le Général STEHLIN, qui décale tout d’une
journée, s’était trompé de bonne foi, il écrit qu’il reçoit la note du Général
BERGERET à Perpignan dans la nuit, alors qu’il écrit un paragraphe plus haut
que GOUJON est déjà reparti au Luc porter ses ordres ! Ce n’est donc pas
qu’une erreur de date ! L’aller-retour de l’adj GOUJON au Luc est vraiment
incompréhensible, à moins que M. BRAUDEAU ait voulu faire coïncider en
1989 une partie de son témoignage avec les Mémoires du Général STEHLIN, sans se
rendre compte que celui-ci avait eu 25 ans plus tôt des souvenirs plus
qu’incohérents ! De plus le cahier d’ordres de la 5ème
Escadrille ne porte aucune trace de cet aller-retour Perpignan - Le Luc –
Perpignan de l’adj GOUJON.
Quoi qu’il en soit, les
ordres de mouvement vers Marseille ont été forcément donnés avant que le
commandant du Groupe ne s’envole du Luc, puisque l’échelon roulant a eu le
temps de se préparer et de partir dans la nuit du 18 au 19 pour effectuer les
100 kilomètres qui les séparaient de Marseille et y arriver à l’aube. Les
Hommes sont regroupés au camp Sainte-Marthe ; outre ceux du III/6, s’y
trouvent sans doute aussi ceux du II/4 et du GAO 553 qui s’embarqueront avec
eux sur le même navire.
19 juin 1940 : Racontant en 1989 le
passage de l’échelon roulant à Marseille,
20 juin 1940 : Il continue ce récit
épique dans le même esprit : « J’avais gardé avec moi, outre l’a/c AUGST 14 mécaniciens
« triés sur le volet ». Nous sommes partis à Marignane dans quatre
taxis vers 18h 00 où je fus reçu par un jeune capitaine auquel j’exposai
notre cas. Il y avait deux hydravions en cours de chargement de matériel civil
pour l’Algérie. Il fit décharger ces matériels, nous offrit à manger et à boire
et quand les hydravions furent prêts au départ nous y accompagna. Nous
décollâmes à 4h 00 le 20 juin et à 9h 00 nous amerrissions à l’entrée
du port d’Alger. Quatre nouveaux taxis nous conduisirent à l’aérodrome de
Maison-Blanche où nous arrivâmes à 11 h. A midi le III/6 se posa et gagna
le hangar n°6 où les mécaniciens attendaient ». Tout ceci est trop beau : quand les avions du III/6 sont
arrivés à Alger la plupart des témoignages parlent d’une pagaille complète. Il
y avait des appareils dans tous les sens sur le terrain et sur son périmètre et
il est impossible qu’une escadrille complète ait pu se frayer un chemin jusqu’à
un hangar qui ne lui avait certainement pas été encore attribué !
Dans ses mémoires en
cinémascope, Paul STEHLIN, n’hésite pas à écrire : « ...(le
terrain de)
Maison Blanche est encombré d’avions. Il n'est pas facile de trouver une place
sans risquer une collision. Pourtant, en dix minutes, les trente-neuf Dewoitine
du groupe sont alignés au bord du terrain, les masques blancs à gauche de mon
avion, les masques noirs à droite, en une rangée impressionnante... »
On a ici un bel exemple de
ces témoignages tardifs, sans support d’archives, où la volonté de parler de
soi passe avant celle de raconter l’Histoire !
Le sgt
mécanicien Robert UMBERT, n’a pas dit clairement s’il faisait partie de ce
groupe de 15 privilégiés « triés
sur le volet » conformément aux
ordres du cne STEHLIN, mais il a témoigné : « …une partie des
mécaniciens fût embarquée sur un hydravion Latécoère qui décolla de l’étang de
Berre au lever du jour pour se poser 5 heures plus tard dans l’arrière port de
l’Agha à Alger. Le reste des mécaniciens arriva par bateau le 27 dans la
matinée »...
L’adjudant mécanicien René COLIN,
raconte pour sa part : « ...les pilotes partent pour Perpignan et les mécaniciens
avec l’échelon roulant se rendent à Marseille. Les pilotes rejoignent ensuite
Maison-Blanche sans aucun incident pour notre groupe (il oublie manifestement l’amerrissage du s/lt
KAWNIK, et l’arrivée en solitaires des sgt CWYNAR et cne GUERRIER, suite à un ennui mécanique au décollage sur
le D. 520 de ce dernier !). Quelques mécanos gagnent Alger sur deux hydros
d’Air France, des Lioré et Olivier LeO 242. Celui où je suis est piloté par Givon (*). Le reste du personnel
arrive par la mer. Nous restons plusieurs jours à Maison-Blanche, avant de
partir pour Constantine où nous apprenons l’armistice... »
(*) Célèbre compagnon
de Mermoz à « l’Aéropostale ». Précédemment, le 2 septembre 1927, il
avait décollé du Bourget en direction de New York avec
Pas d’allusion au Hangar
n°6 ! Pas d’allusion aux 38 Dewoitine bien alignés derrière celui du
Commandant du Groupe... Finalement, quelle importance ? Un ou deux
hydravions, Latécoère ou Lioré & Olivier (*), 15 mécaniciens, un peu plus
ou un peu moins ! Quelle importance de savoir si le cne
STEHLIN a pu faire une arrivée digne de lui, attendu devant le hangar n°6 par
des « mécaniciens triés sur le
volet », peut-être au garde à vous ? Il nous manque le film !
(*) Vérification faite,
ce sont bien deux Lioré et Olivier LeO 242 qui ont fait le voyage, mais il n’y avait pas que
le III/6 à leur bord !
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Hydravion
Lioré et Olivier H.242 employé sur la ligne Marseille/Alger
– Photographie faite devant les hangars de l'hydrobase Air France à Marignane
en 1937 Envergure :
28 m – Longueur : 18m 450 – Hauteur : 5 m 995 - Poids à
vide : 4 750 Kg. - Poids enlevé : 4 250 Kg - Vitesse à 100 m
(sol) : 232 km/h - Temps de montée : 13'10" à 2 000 m –
Plafond : 4.400 m. en 63’ Les passagers et le fret prenaient place à
bord au sec et les H.242 étaient mis à l'eau ensuite via une rampe. Collection René
ZUBER via Jean-Louis BLÉNEAU |
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Hydravion Lioré et Olivier
H.242 employé sur la ligne Marseille/Alger – Photographie aérienne de
l'hydrobase Air France de l’Agha d’Alger vers 1937 |
En fait, le lieutenant
BRAUDEAU a un peu oublié 45 ans plus tard que c’était le lieutenant MIRAND, le
vrai patron du personnel non navigant, en charge de l’équipe administrative du
Groupe ; si celui-ci n’a pas raconté plus tard par modestie le transfert
du III/6, de Marseille à Alger, des sous-officiers se rappellerons bien que
c’est lui qui a réglé la plupart des problèmes. Il fit la traversée à bord du
« Commandant Dorise », avec ses hommes,
dans des conditions épouvantables et fit de son mieux pour leur trouver un
minimum de rations alimentaires, soutenir le moral des plus faibles et éviter
des affrontements dus à la promiscuité avec les autres passagers...
Comme cette histoire est
bâtie autour de celle de l’a/c Joseph BIBERT, notons pour sourire qu’il n’a pas
eu la chance d’être « trié sur le volet » puisque son livret
militaire prouve qu’il n’a été « débarqué » que le 27. Il n’y avait
au III/6 que 4 sous-officiers mécaniciens qui avaient fait un stage de 8 jours
chez Dewoitine à Toulouse du 7 au 16 juin pour être spécialisés sur le D.520 ;
adj. COLIN, (chef de hangar) et sgt DESFOSSEZ pour la
5ème, s/c BIBERT (chef de hangar) et ROBERT pour la 6ème.
On peut penser malgré tout que la présence sur le port de Marseille d’un des
deux chefs de hangars, sous-officier confirmé, pour veiller au bon chargement
des matériels du Groupe, avait été jugé utile puisqu’on sait par ailleurs que
les trois autres ont bénéficié d’un voyage confortable en avion pour accueillir
dignement leur commandant de Groupe à son arrivée en terre d’Afrique !
Extrait du livret militaire de Joseph BIBERT –
Débarquement en Algérie
21 juin 1940 : Pour revenir sur les
problèmes d’intendance, ceux du GC III/6 qui font la traversée maritime
ont touché à leur départ du Luc des rations individuelles pour se nourrir les
19 et 20 juin... Après cela c’est la grande débrouille ! Ils embarquent
donc le 21 juin sur les deux antiques cargos, le « Commandant Dorise » pour le personnel et une partie du matériel
et le « Sainte-Marguerite II » pour le reste du matériel. Ces
deux navires doivent avec une trentaine d’autres partir en convoi (*) Les échelons roulants de plusieurs autres groupes ont également
été embarqués, certains sur les mêmes navires que ceux du III/6 (GC II/4
et de GAO 553 comme dit plus haut).
(*) Les navires du convoi P8 : AMPERE,
CALEDONIEN, CAMPINA, CHATEAU LAROSE, CHELMA, COMMANDANT DORISE, CYDONIA
(britannique), ESTRID (danois), FIRUZ, FORMIGNY (britannique),
GINETTE LE BORGNE, GOUVERNEUR GENERAL CAMBON,
GOUVERNEUR GENERAL GREVY, GOUVERNEUR GENERAL TIRMAN,
IMERETHIE II, JOHN KNUNDSEN (norvégien), KROUMIR, LANGANGER, MAYAN,
MAYENNE, MEDIE II, MONT SAINT CLAIR, NICOLO ODERO, OASIS,
P.L.M.20, PALLAS, PLATON, SAGITTAIRE, SAINTE MARGUERITE II, TANAIS,
TELL et TIBERIADE.
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A gauche, le cargo « Commandant
DORISE » et à droite le « Sainte-Marguerite II » |
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Chargement d’un camion de l’échelon roulant
du GC III/6 le 20 juin 1940 sur le « Commandant DORISE » et un
aperçu des conditions de la traversée qui dura 4 jours Photographies Robert
ROHR du GC III/6 – Droits réservés |
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Toujours à bord du « Commandant
DORISE » des personnels du GAO 553, Groupe qui a aussi embarqué sur le
cargo et le départ de celui-ci dans le port de Marseille Collection de GRIVEL
via Mathieu COMAS – Droits réservés |
En savoir plus sur : Les
cargos « Commandant DORISE » et « SAINTE-MARGUERITE II »
Dans la nuit du 21 au 22
juin, alors que les navires sont encore en rade 6 à 10 bombardiers Savoia-Marchetti SM.79 du 104ème Gruppo (46ème
Stormo) attaquent la ville en deux vagues
successives. Ce qui reste de la chasse française n’a pas pu intervenir, et la
D.C.A française réagit sans succès, y compris les jumelages anti-aériens se
trouvant sur certains navires et servis par des marins de la
« Royale ». Un peu plus de 4 tonnes de bombes tombent sur Marseille
et l’Estaque, faisant près de 140 victimes civiles. Quelques-unes atteignent la
rade, mais loin des bateaux, créant cependant une grosse panique et une course
vaine aux ceintures de sauvetage.
22 au 17juin 1940 (en mer) : Ceux-ci
lèvent l’ancre le 22 juin à 17h 00 à destination d’Oran, escortés par des
unités de la Marine Nationale. Il y a 1 200 personnes à bord du
« Commandant Dorise », l’installation
manque de confort et d’hygiène, la nourriture peu abondante est médiocre. C’est
pire sur le « Sainte-Marguerite II ». Le convoi change très souvent
de cap pour dérouter les sous-marins ennemis. Le 23 le convoi est encore en
face de la côte française à Port-Vendres et il arrive en vue des Baléares à une
vitesse de 9 nœuds dans la journée du 24, et à Oran le 26 à 17 heures mais des
ordres nouveaux ont été donnés pour certains bateaux de poursuivre leur route
vers Alger. Les deux vieux cargos repartent à 21 heures et tout le monde
débarque à Alger le 27 juin entre 18 et 19 heures ; les hommes sont
totalement épuisés et affamés. Tout le Groupe GC III/6, encore dispersé
puisque l’échelon volant a quitté Maison-Blanche depuis 3 jours, se trouve à ce
moment en terre africaine, en attente d’instructions.
Cantonnés au « Dépôt des
isolés métropolitains » au 25ème régiment du train-auto, ce qui
ne résout que partiellement leurs précédents problèmes d’intendance, il faudra
trois jours aux « rampants » à Alger pour regrouper le matériel et se
remettre en ordre de marche, avant de pouvoir enfin quitter la ville en
effervescence le 30 juin pour Constantine. Quelques photographies permettent de
penser que certains ont quand même eu le temps de visiter rapidement la grande
ville blanche...
MORSOTT -
CONSTANTINE |
Mémoires de Jean
MENNEGLIER « ...Le 24 juin nous partîmes en deux formations vers Morsott, notre nouveau lieu de stationnement. Aux
environs de Constantine nous butâmes sur un ciel très noir. Un vent de sable
soufflait au sud. Le cne Stehlin
fit demi-tour et décida d'aller se poser sur le terrain de Constantine. Le cne Chainat qui commandait
l'autre formation, sans doute plus familier du vent de sable à cause de son
séjour au Maroc alla jusqu'à Morsott.... ». |
Retour à L’Échelon volant
24 juin 1940 : Le Groupe reçoit l’ordre
de se rendre à Morsott, bled perdu dans les sables et
la rocaille situé entre Tébessa et Souk-Ahras à la frontière tunisienne, à
400 km est/sud-est d’Alger, plus loin que Constantine. On est le 24 juin.
Ce qui est indiscutable : la 5ème Escadrille décolle à partir
de 15h 00 (Cahier d’Ordres) ; LE GLOAN – MARTIN – TRINEL (seconde
patrouille), suivis de GOUJON – CHARDONNET – MERTZISEN et HARDOUIN (troisième),
vont arriver sans encombre à Morsott ; par
contre la patrouille JACOBI – de ROUFFIGNAC – BRONDEL, partie la première 5
minutes avant celle de LE GLOAN, va atterrir à Constantine ! Le livre de
marche de la 6ème Escadrille dit seulement « Un providentiel
(SIC) vent de
sable oblige la moitié du Groupe, conduite par le Capitaine Stehlin,
à se poser sur le terrain de Constantine » et le Cahier d’Ordres de l’Escadrille cite seulement les 12
pilotes ayant fait le trajet Alger – Constantine en 4 patrouilles de 3 sans
préciser l’heure de décollage. On sait par ailleurs qu’à l’atterrissage, les
avions du capitaine BOULARD de POUQUEVILLE et du sgt
GAUTHIER (6ème Escadrille) se percutent, sans dommage pour les
pilotes. Belle pagaille !
En 1964, Paul STEHLIN, qui
situe d’ailleurs bizarrement cet épisode le 23 (avant l’annonce de l’armistice
avec l’Italie) au lieu du 24, raconte dans ses mémoires cet épisode en
multipliant invraisemblances et contrevérités : « L’Escadrille des masques blancs
(c’est la 5ème qui se pose effectivement à Morsott,
mais sous la conduite de CHAINAT d’après jean Menneglier) part avec Assollant en tête, celle des masques noirs (c’est
la 6ème, celle qu’il dit conduire et qui va se poser effectivement à
Constantine avec lui) suivra à une demi-heure (5 minutes d’après le
cahier d’ordres),
sous ma conduite. Est-ce parce que je ne connais pas l'Afrique ou est-ce
l'influence d'une grande fatigue, j'ai l'impression que la visibilité diminue
rapidement et que devant nous le ciel s'assombrit. Le fait est que la formation
s’est resserrée, ce qui est bien le signe que personne ne veut risquer de me
perdre de vue. J’ai vingt pilotes (12 tout au plus !) qui me suivent,
la moitié d’entre eux n’a qu’une courte expérience du vol (Ils ont
tous plus de 20 missions de guerre à leur actif et de nombreuses
citations !). Je regarde la carte, nous ne sommes pas loin de Constantine. Il est
peut-être plus prudent de faire une escale pour obtenir des informations sur le
temps (il n’y a que 20 minutes de vol environ entre Constantine et Morsott !) ». Il sous-entend à contrario plus loin en se contredisant qu’il a
fait le choix volontaire de se poser à Constantine pour pouvoir quitter
l’Algérie au plus tôt avec ses pilotes, à destination de Malte, afin d’y
poursuivre la lutte à côté des Anglais. Pour lui, comme dit plus haut, il y
avait en effet volonté de toute la hiérarchie de réduire les escadrilles à
l’immobilité en les positionnant loin de tout et sans possibilité de
ravitaillement en essence, voire de remettre les avions aux italiens.
Plus raisonnablement et plus
simplement, on peut aussi penser que vu le grand encombrement de
Maison-Blanche, la nécessité d’y faire de la place a conduit à répartir dans
l’urgence les escadrilles au mieux sur des terrains pouvant les accueillir,
conformément aux ordres du 17 juin du Général VUILLEMIN, sous la signature du
Général BERGERET, visant à concentrer les forces face à l’Italie. Ce n’est en
effet que le 24 au soir que l’armistice avec l’Italie de Mussolini a été signé,
avec une cessation des hostilités à 0h 35 le 25 au matin. A cette
heure-là, si la cinquième Escadrille est bien à Morsott,
sans doute avec CHAINAT et/ou ASSOLLANT ?,
conformément aux ordres de l’État-major, le Commandant du Groupe et une
patrouille de la 5ème (dont son commandant d’escadrille) se sont
posés prudemment à Constantine, en y entraînant toute la 6ème
Escadrille.
A propos de
Constantine : « … à la place du bel aérodrome auquel je m’attends en
raison de l’importance de la ville j’aperçois une sorte de petit terrain
d’aéro-club… » écrit Paul STEHLIN dans ses
mémoires en poursuivant : « …à Morsott il n’y a ni logement, ni
nourriture, ni rien pour faire vivre un Groupe, c’est le désert… à Constantine
l’hôtel « Transatlantique » est confortable… ». On comprend mieux ! Il dit alors vouloir faire revenir
immédiatement la 6ème Escadrille à Constantine, mais qu’on lui
intime l’ordre de ne pas le faire, toujours avec cette volonté générale et
organisée d’empêcher les aviateurs de se rallier aux Anglais. Mais avec la
signature de l’armistice dans la nuit, qu’aucun avion ne soit autorisé à voler
à partir du 25 au matin n’a pourtant rien d’étonnant (*) ! Tout cela est bien embrouillé et n’a finalement que peu
d’importance, hormis peut-être celle de présenter l’auteur de ces lignes sous
un jour favorable, plus de vingt ans après les faits, au moment où le Général
de Gaulle est au pouvoir et qu’on aspire à une carrière politique…
(*) Pourtant dans la matinée du 25 juin, le
capitaine JACOBI, commandant de la 5ème Escadrille, qui s’est
détourné la veille de leur destination prévue avec le cne
STEHLIN, qui a préféré le « confort » de Constantine plutôt que les
« sables » de Morsott, fait un aller-retour
Constantine-Morsott avec son Dewoitine 520 codé
« 1 », sans doute pour donner quelques ordres aux pilotes et
mécaniciens se trouvant à Morsott (Cahier d’Ordres de
la 5ème).
Dans les jours qui vont
suivre, conformément aux ordres donnés aux commandant des deux escadrilles par
leur commandant de Groupe, aussi bien à Morsott qu’à
Constantine, les capots des Dewoitine sont ouvert et les magnétos sont démontés
pour interdire tout départ intempestif (voir photographie plus bas). Il n’est
donc vraiment pas question d’un départ à Malte...!
29 juin 1940 : Morsott
était bien la destination prévue du III/6. Deux photographies prises par le sgt Jules PIESVAUX de la 5ème le 29 juin y montrent
en effet des D.520 du III/6 et ses camarades mécaniciens ; COLIN et
DESFOSSEZ (du stage de Toulouse) et LE MAT. Au moins ces quatre-là
faisaient-ils donc partie de ceux qui avaient traversé la Méditerranée par
avion et qui avaient été dépêchés en avant-garde sur leur nouveau terrain
d’affectation. Par contre les pilotes posés à Morsott,
privés de vol, ont laissé leurs avions sous la garde d'une unité territoriale
et de quelques mécaniciens… pour rejoindre leurs camarades à Constantine où la
vie est bien plus agréable !
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Rares
photographies témoignant de la présence d’avions du GC III/6 à Morsott entre le 25 et le 30 juin 1940 Photographies Jules Piesvaux – Droits réservés |
30 juin 1940 : L’échelon roulant qui
a pu récupérer péniblement à Alger ses matériels arrive finalement dans la
soirée du 30 juin à Constantine où les avions sont totalement immobilisés. Les
mécaniciens ne chôment pas ; les machines n’ont pas beaucoup profité de
leurs soins depuis de départ du Luc-en- Provence...
3 juillet 1940 : C’est Mers
el-Kébir ! On remet précipitamment les appareils en état de vol et les
pilotes de la 5ème dont l’appareil est à Morsott
y retournent pour le ramener à Constantine en vue d’une éventuelle opération de
protection contre l’agresseur britannique.
Témoignage oral (2011)
de Mme. Jane ROBERT, veuve du sgt mécanicien Lucien
ROBERT du III/6 -5ème Escadrille « ...J’étais donc à Oran en 1940 au moment de la tragédie
de Mers el-Kébir. L’Amiral Gensoul a refusé à
Churchill de prendre le contrôle de la flotte et les Anglais l’ont
immédiatement bombardée : ce fut une faute. Mais il faut dire que
l’Amiral français avait fait d’abord fait tirer sur la vedette des
parlementaires anglais qui venaient à sa rencontre, sans vouloir engager une
négociation, ce que beaucoup lui ont reproché. Un des bateaux dont tout
l’équipage était à bord a immédiatement été détruit et tous les marins se
sont retrouvés au fond de l’eau, les pauvres, complètement mazoutés :
ils sont presque tous morts. Après le désastre mon père m’a dit : on va
aller voir ce que c’est. C’était terrible, tous les bateaux étaient
complètement tordus, à moitié noyés… c’était affreux, affreux ! J’avais
une amie qui était infirmière à l’hôpital Gaudens, elle m’a dit que les
marins qui arrivaient complètement mazoutés étaient en fait asphyxiés et
mourraient comme des mouches… Seul le cuirassé « Strasbourg » avait
pu s’échapper... » |
C’est donc dans des
conditions un peu rocambolesques que tous les personnels, les avions et le
matériel du III/6 éparpillés entre Morsott,
Constantine et Alger se retrouvent finalement regroupés sur le petit aérodrome
de Constantine à Kroubs à la fin de ce triste jour de
juillet 1940 qui a vu une partie de la Flotte Française être détruite par la
Royal Navy à Mers el-Kébir ; 1 300 morts ! Pour fixer cette
destination finale, il y a bien dû y avoir des ordres supérieurs au-delà du
choix de son cantonnement qu’aurait fait un simple capitaine, Commandant d’un
Groupe aérien parmi d’autres ! Peut-être que ses anciennes fonctions
politiques à l’ambassade de France en Allemagne, bien que modestes, rendaient
prudents ses supérieurs ce qui lui permettait de s’autoriser quelques
libertés... Une fois tout le monde arrivé tant bien que mal à Constantine,
certains continueront à profiter des « bienfaits » de l’intendance
militaire car pris en subsistance par la 25ème compagnie du train
automobile, tandis que d’autres s’installeront confortablement à l’hôtel
Transatlantique.
Mémoires de Jean
MENNEGLIER « ...Le terrain de Constantine, le Kroubs,
était tout petit. Il avait la forme d'une culotte de petit garçon et était à
une altitude de plus de 1 000 mètres. Le vent soufflait dans la
direction où il était le plus court. Les premiers avions se posèrent dans ce
sens. Je fis moi-même un atterrissage de précaution en m'amenant au moteur à
faible vitesse. Mais d'autres pilotes voulurent se poser dans le plus grand
sens avec vent de travers. A un moment deux avions qui se posaient avec des
axes d'atterrissage différents se tamponnèrent sans autre mal que de la tôle
froissée (*)... » « …on ne pouvait pas reprocher aux Anglais de vouloir
protéger leurs côtes que les Allemands menaçaient directement alors que notre
propre résistance s'était effondrée. Mais Mers el-Kébir nous paraissait comme
un affront, un manque de confiance dans la volonté de notre Marine de
respecter les clauses de l'armistice et de ne pas laisser notre flotte tomber
sous le contrôle allemand. Évidemment plus tard, avec la présence de Darlan
au gouvernement, nous aurions pensé autrement. Bref nous étions prêts à
répondre coup pour coup aux Anglais. Le Groupe III/6 aura l'occasion de le
faire en Syrie mais je l'aurai quitté avant... » |
(*) comme dit plus haut, le cne Hugues BOULARD de POUQUEVILLE à bord du n°386, percute
le n°364 « Mektoub III » du sgt Gauthier et
lui découpe le plan droit. Ce dernier D.520 est bon pour la réforme, tandis que
le n°386 pourra être réparé… lorsque les réparations seront de nouveau
autorisées en atelier, soit près d’un an plus tard ! Ce n’est que le début
d’une longue série. Le sgt Gauthier restera sans
avion jusqu’au 24 juin et ne pourra récupérer un autre appareil que le 21 août
seulement ; ce sera le D.520 n°145 qui sera codé « 32 » et
baptisé « Mektoub IV ». Voir photographie plus bas.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Joseph BIBERT est
certainement heureux de se retrouver une seconde fois en poste sur le sol
africain, après son premier
séjour à Djibouti de 1937-1939, qui fut pour lui si agréable et dont il
conserva la nostalgie sa vie durant.
Il n’aimait pas parler de
lui, et nous n’avons malheureusement pas connaissance de l’activité réelle et
de son état d’esprit pendant la période très agitée entre son départ de
Coulommiers, ses quelques jours passés au Luc, son stage à Toulouse, sa
traversée de la Méditerranée et son arrivée à Constantine. Il n’a pris aucune
photographie pendant cette période. Les trois dernières faites à Coulommiers et
les premières faites à Constantine font partie d’un même rouleau de 8 négatifs.
Pas de trace de correspondance ; aurait-il eu le temps d’écrire
d’ailleurs ? Et à quelle adresse ? Il n’avait plus aucune nouvelle de
son épouse sans doute partie en exode quelque part en France, de sa mère et de
sa sœur en Alsace, si près de l’Allemagne. L’incapacité dans laquelle il était
de leur signaler sa position et le manque de perspectives pour sa vie à venir
ont certainement été des sujets d’inquiétude permanents. Mais comme beaucoup
d’autres, il a tiré par la suite un voile pudique sur tout cela et nous n’avons
pas pu réellement aborder le problème sur le fond avec lui avant sa
disparition.
Une petite anecdote mérite
cependant d’être racontée : au Luc, avant sa mission à Toulouse, il
logeait chez un facteur dont la maison était rose. Dans la précipitation de
l’évacuation de l’hexagone il s’est retrouvé en Algérie sans une partie de ses
effets personnels qui étaient restés dans une valise chez son logeur, dont il
ne se rappelait plus, ni le nom, ni l’adresse. Il a donc écrit d’Algérie à tout
hasard une lettre à « Monsieur le Facteur, Habitant une maison rose, Le
Luc » et il y eut trois miracles consécutifs : son courrier est
parvenu à la bonne destination, ce facteur était honnête et la valise est
finalement arrivée de l’autre côté de la Méditerranée quelques semaines plus
tard, intacte et complète !
Que pensait-il de ce qui
venait d’arriver à la France ? Avait-il entendu parler du Général DE
GAULLE ? Faisait-il totalement confiance comme 95% des français de
l’époque au vieux Maréchal pour sortir le Pays de l’ornière dans laquelle ses
dirigeants l’avaient conduit. Avec le temps et connaissant la fin du film on
voudrait savoir et on imagine. Mais la réalité est sans doute assez simple.
Joseph était un modeste militaire de carrière, il faisait partie du
GC III/6 et il avait confiance en sa hiérarchie. Il a accepté les ordres
donnés et il s’est sans doute adapté à la situation, en faisant simplement au
mieux pour que celle-ci soit la moins mauvaise possible
eu égard aux circonstances, et il a attendu la suite… Le s/lt
MENNEGLIER dans ses mémoires, ne dit pas autre chose (voir première partie)...
Finalement, il n’y aura pas
de vraies représailles contre l’Angleterre après Mers el-Kébir ; le
Gouvernement du Maréchal rompt seulement ses relations diplomatiques et envoie
quelques avions bombarder Gibraltar le 5 juillet sans grands dommages pour le
« Rocher ». Le III/6 se retrouve alors en quasi léthargie. Officiers,
sous-officiers, hommes de Troupe, tous en profitent pour visiter longuement la
ville et ses ponts, dont le célèbre Sidi M’Cid suspendu au-dessus des gorges du
Rhummel. Après les épreuves de la campagne de France,
c’est un délassement apprécié et le soulagement se lit sur les visages. Tous
ceux qui ont un appareil photo en profitent car ils ont la chance de trouver
encore à acheter quelques rouleaux de pellicules, denrées rares à cette
époque...
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Constantine
– Début juillet 1940 – Les Dewoitine D.520 de la 6ème Escadrille –
Capots ouverts – Magnétos démonté pour les clouer au sol Photographie Joseph Bibert – Droits réservés |
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Constantine :
Le Dewoitine D.520 n°364 « Mektoub III » du sgt
Georges GAUTHIER (6ème), plan droit arraché lors de l’atterrissage du n°386 du cne Hugues BOULARD de POUQUEVILLE (E.M.) - Appareil au
second plan Photographie |
C’est donc à Constantine que
Joseph termine le rouleau de pellicules photo, commencé lors du bombardement de
Coulommiers, un peu plus d’un mois plus tôt. Il peut recharger son Voigtlander grâce aux ressources locales et on peut ainsi
découvrir les seules photographies connues d’un si bel alignement de Dewoitine
520, ceux de la 6ème Escadrille du GC III/6, clichés historiques de
grande qualité qu’il a faits du terrain de Constantine, dont certains à bord
d’un Lioré & Olivier LeO 20 avec lequel il a eu l’occasion de survoler la
ville.
Début juillet à Constantine : photographies de l’album n°6 de
Joseph BIBERT
Cliquez sur le bandeau des
miniatures ci-dessus pour ouvrir la page contenant ces photos
Les photographies de
Jules PIESVAUX, Jean MENNEGLIER et Georges GAUTHIER – Droits réservés
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Constantine – Dans les gorges du Rhummel – Jules PIESVAUX de la 5ème – La
passerelle Sidi M’Cid – Le monument aux morts - Groupe de mécaniciens de la 6ème |
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Constantine – Dans les gorges du Rhummel (à gauche) et autres vues (au centre et à droite) |
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Constantine – En haut des gorges du Rhummel (à gauche) – Groupe de mécaniciens de la 6ème(au centre) - Sur le pont d’El-Kantara
(construit entre 1860 et 1863), vers la passerelle Sidi M’Cid (à droite) |
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Les bains de Sidi M’Cid – GABARD – SATGÉ – X
– PIMONT de la 6ème Escadrille |
Mémoires de Jean
MENNEGLIER « ...A Constantine nous logions à l'hôtel de la Brèche
qui avait pris ce nom probablement parce que c'était à son emplacement que
les murailles de la ville avaient été percées lors de sa prise au siècle
précédent. Sous la fenêtre de ma chambre il y avait un caravansérail où on
chargeait des chameaux qui devaient partir ensuite vers le sud. Le premier
matin, ouvrant l'œil, j'entendis un bruit bizarre qui ressemblait à celui
fait par quelqu'un en train de vomir. Regardant dehors je vis les chameaux
baraqués qui blatéraient à qui mieux mieux pendant qu'on les chargeait de
grands sacs réunis par des cordes nouées au-dessus du bât. Nous établîmes notre popote au restaurant de la piscine de
Sidi M'Cid qui se trouve juste au pied des falaises qui bordent la ville au
nord. Pour y aller on pouvait prendre soit la route qui suit les gorges du Rhummel et descend ensuite en lacets vers la piscine, soit
en faisant un grand tour pour arriver en bas de la falaise et traverser la
rivière par un pont juste à la sortie des gorges. La piscine était alimentée par une source chaude sortant de la
falaise. Il y avait un ciel bleu et un soleil chaud. Nous faisions souvent
les lézards sur ses gradins après nous être baignés. Ne pouvant plus voler
nous n'avions plus grand chose d'autre à faire… Pour passer le temps nous
nous promenions pour visiter la ville. Capdeviolle avait une carabine 22 long rifle
démontable. Un jour nous allâmes tirer des pigeons dans les gorges du Rhummel qui étaient accessibles par un sentier escarpé
avec de nombreux escaliers. Il y avait au fond une sorte de piscine remplie
d'une eau d'un bleu vert d'une couleur extraordinaire. Nous descendîmes
quelques pigeons qui furent récupérés par de petits arabes qui traînaient au
fond des gorges. Elles sont très pittoresques à cause de leur profondeur et
en deux ou trois endroits le Rhummel qui les a
creusées passe dans un tunnel ou sous des arches de rocher notamment à la
sortie où il tombe en cascade à mi-hauteur de la falaise... » |
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Chez Sidi M’Cid : HARDOUIN, GAUTHIER, LE
GLOAN, PIMONT, GOUJON etc... |
Chez Sidi M’Cid : LE GUENNEC, GUERRIER,
BRIÈRE, ROUSSILLON, PIESVAUX, PÉRALÈS |
Pilotes
du GC III/6 fin juin 1940 |
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État-major |
5ème Escadrille |
6ème Escadrille |
Cne Paul Stehlin Cne Cne Jean
Bernache-Assollant Cne Hugues
Boulard de Pouqueville |
Cne Roger Jacobi Cne Lt Robert
Martin Lt Daniel
de Rouffignac S/Lt S/Lt Adj Charles Goujon S/C Gabriel Mertzisen S/C Maurice Chardonnet Sgt Napoléon Trinel Sgt Roger Hardouin |
Cne Lt Georges Legrand S/Lt S/Lt
Marcel Steunou S/Lt
Marie-Henri Satgé S/Lt
Adj Jean Diaz Adj Guy Japiot S/C S/C Paul de Haut de Sigy Sgt Sgt Roger Pimont Sgt Raymond Gabard |
Le général VUILLEMIN, sur le
départ, se fait présenter à Sétif le 6 juillet au cours d’une prise d’armes une
importante délégation des pilotes de l’aviation de chasse en mesure d’y être
présents. Au GC III/6 nombreux sont ceux qui sont mis à l’honneur et qui
reçoivent de ses mains des distinctions :
·
Cravate de commandeur de la
Légion d’Honneur au capitaine CHAINAT,
·
Croix de Chevalier de la
Légion d’Honneur au lieutenant LEGRAND et au sous-lieutenant LE GLOAN,
·
Médaille militaire aux
adjudants JAPIOT et GOUJON,
·
Croix de guerre au capitaine
GUERRIER, sous-lieutenants STENOU, SATGÉ, MENNEGLIER, CAPDEVIOLLE, au
sergent-chef LE GUENNEC et aux sergents GAUTHIER, GABARD, PIMONT et BOUIN.
Mémoires de Jean
MENNEGLIER « ...Un jour le groupe alla par la route à Sétif pour
assister à une prise d'armes pour une remise de décorations. J'avais eu droit
à une citation à l'ordre de la Brigade aérienne pour la mission pendant
laquelle nous avions été tirés par la D.C.A. sur la Somme, ce qui ne
représentait pas une performance remarquable. Je la pris comme une
compensation pour n'avoir fait qu'apercevoir un Dornier pendant toute la
durée de « ma guerre ». Il est vrai qu'on distribuait, paraît-il,
des croix de guerre aux soldats qui se présentaient à Toulouse ou à Périgueux
porteurs de leur arme après avoir fait la retraite. Le gouvernement de Vichy
fit d'ailleurs procéder à une révision générale de toutes les décorations et
en profita pour changer la couleur du ruban qui était rouge et noir par du
vert et noir en signe de deuil... » |
Un état daté du 10 juillet
donne la liste des 27 Dewoitine D.520 affectés au GC III/6 incluant les
deux appareils accidentés le 24 juin (HS), mais sans le préciser :
·
- quatre à
l’État-major : n°331 (A), 302 (S), 314 et 386 (HS)
·
- onze à la 5ème
Escadrille : n°229 (1), 301 (2), 362 (3), 349 (4),
277 (6), 340 (7), 284 (8), 360 (10), 367 (11),
368 (12) et 369 (X)
·
- douze à la 6ème
Escadrille : n°313 (21), 357 (22), 330 (24), 356 (25),
358 (26), 346 (27), 174 (28), 138 (29), 295 (30),
321 (31), 364 (32) (HS) et 197 (33).
Un état daté du 15 juillet à
Maison Blanche concernant les mêmes appareils précise que les n°364 et 386 « gravement accidentés à l’atterrissage
à Constantine ont été laissé sur place et vont être versé au parc d’Hussein-Dey , sur ces avions les moteurs sont récupérables ». Mais
comme indiqué plus haut, devant la pénurie d’appareils, le n°386 sera
finalement réparé et reversé au Groupe un an plus tard.
ALGER
11/07/1940 – 15/01/1943
Tout change militairement
après Mers el-Kébir. L’État-major du gouvernement du Maréchal doit maintenant
défendre ses colonies contre des éventuelles agressions britanniques, et c’est dans
ce cadre que le Groupe II/6 est rappelé à Alger Maison Blanche le 11 juillet
1940 pour être au plus près de la côte algérienne.
Le cne
STEHLIN, fidèle à lui-même, veut impressionner. Il organise un défilé aérien
qui survolera à 500 mètres d’altitude Constantine au départ et Alger à
l’arrivée, avant l’atterrissage du Groupe à Maison-Blanche. Lui en tête, suivi
de 10 patrouilles légères, 5 de la 5ème et 5 de la 6ème
comme le montre le cahier d’ordres de la 5ème Escadrille de cette
journée.
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Terrain
de Maison Blanche vers 1935 – Les installations militaires – Plus loin, le
village et la baie d‘Alger au nord-ouest A droite,
les installations initiales civiles le long de la route « GC 16 »
qui reliait le village de M.B. à Fondouk au sud-est Cette zone est actuellement au centre de
l’aérodrome international Houari Boumédiène Collection |
L’échelon roulant,
c’est-à-dire l’unité administrative du Groupe, les sous-officiers non pilotes
et la troupe vont dorénavant cantonner au camp d’Oued-Smar,
situé à moins de deux kilomètres à l’ouest de Maison-Blanche le long de la voie
ferrée, avec une gare et quelques anciens bâtiments militaires rudimentaires
(voir carte plus haut).
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Juillet
1940 - Installation de l’échelon du GC III/6 au cantonnement d’Oued-Smar (2km à l’ouest de Maison Blanche) On
reconnaît des mécaniciens des deux escadrilles L’adj
COLIN au centre présente ce qui pourrait être un morceau de métal déformé où
on semble lire « RSAG » ? A gauche, s/c Joseph BIBERT (6ème)
avec son béret – A droite, sgt Jules PIESVAUX (5ème)
une main dans le dos Photographie Jules Piesvaux – Droits réservés |
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Oued-Smar – Le
service administratif du III/6 autour du lieutenant MIRAND qui le commande Collection |
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Oued-Smar – Jules PIESVAUX et Yves LE MAT (5ème) inséparables amis... Photographie Jules Piesvaux – Droits réservés |
Les amis
de Joseph BIBERT : Omer BORREYE (5ème) Lucien ROBERT dit « Bob » et Jean
EMERY(6ème) Photographie Jules Piesvaux – Droits réservés |
Les
lieutenants MIRAND (service administratif) et BRAUDEAU (mécaniciens) en visite dans les
environs Collection |
Inventaire du matériel roulant du GC III/6 Alger le 13
juillet 1940 |
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Types de
véhicules |
Marque |
Nombre |
Voiture de liaison |
Simca |
1 |
|
Renault Vivasport |
2 |
|
Peugeot
402 B |
1 |
Camion 2 tonnes |
Matford |
4 |
|
Matford En réparation au Parc d’Artillerie de Constantine |
1 |
|
Matford En instance de réforme au Parc de la Base de Sétif |
|
|
Renault Réquisitionné |
1 |
Camion 2,5 tonnes |
Renault Réquisitionné |
1 |
Camion |
Hotchkiss Réquisitionné |
1 |
Camion 3 tonnes |
Latil |
1 |
Camion 5 tonnes |
Matford |
1 |
|
Renault |
4 |
Camion + équipement Aérazur Entretien des radios |
Latil |
1 |
|
Hotchkiss |
1 |
Autobus |
Rochet -
Schneider |
1 |
Camion insuflateur air chaud |
Citroën
+ Técalemit |
3 |
Remorque magasin |
Coder |
1 |
Remorque armurerie |
Coder |
2 |
Cuisine roulante |
|
1 |
Voiture de liaison |
Simca |
1 |
Les choses se calment un peu
ensuite avec les anglais même si la presse algéroise, en quelques jours, fait allégeance
complète au régime du Maréchal. Le Groupe est en partie démantelé ; c’est
une vraie période d’hibernation d’environ 10 mois qui commence. Comme à
Constantine ceux du III/6 peuvent aussi prendre le temps de visiter Alger et de
profiter de la mer Méditerranée.
Mémoires de Jean
MENNEGLIER « ...Lorsque nous ne volions
pas, nous nous promenions dans Alger où nous allions prendre des bains de mer
dans une petite crique rocheuse à l'est de la ville vers Fort-de-l’Eau.
On y retrouvait la jeunesse pied noir. Les jours de tempête les vagues
déferlaient sur les rochers jetant des gerbes d'écume jusque sur la route du
bord de mer. Je ne me lassais pas de la contempler. Il y avait dans les rues ou sur les places des petits kiosques
où on pouvait prendre un café crème le matin. En consommant dans celui qui
était en face de la poste j'aperçus sur une étagère des gâteaux qui
ressemblaient à des chaussons aux pommes. J'en demandai un et eus du mal à
avaler la première bouchée. C'était un chausson au poivron vert. Quand on
n'est pas habitué à ce genre de friandise, ça passe difficilement. Le reste
du chausson fut balancé subrepticement dans une bouche d'égout. On prenait l'apéritif à des terrasses en plein air,
généralement devant l'opéra. A peine assis il fallait se défendre contre les
petits « yaouleds » qui voulaient à toute
force vous cirer les chaussures même quand elles étaient propres et vous
mettaient d'autorité le pied sur leur boîte. De temps en temps on les
laissait faire. Il y en avait d'autres qui vendaient des journaux. C'était drôle de les entendre crier : « L'icou d'Algi » (l'Echo
d'Alger) ou « La Dipiche » ». |
Juillet 1940 à
Alger : photographies Jules PIESVAUX – Jean MENNEGLIER
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Alger – Sur le port |
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La baie d’Alger d’ouest en est : Notre
Dame d’Alger et Bab-el-Oued (à gauche)– La jetée du
nord (au centre) – Fort-de-l’Eau et le Cap Matifou
(à droite) |
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La Méditerranée |
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Dans la Kasbah d’Alger (à droite) |
Des départs et arrivées de
pilotes sont enregistrés, mais certains nouveaux ne peuvent être maintenus pour
respecter les exigences de la commission d’armistice (*) italienne dont le contrôle s’exerce dans tous les domaines :
(*)
« Commission d’armistice : organisme qui en trois mois, doit faire
d’un aviateur invaincu, un civil plein d’amertume » peut-on lire dans un
livre de marche…
Départs |
Arrivées |
Noms |
Observations |
29/07/40 |
|
Sgt
TRINEL |
démobilisation |
17/08/40 |
|
Cne CHAINAT |
démobilisation |
17/08/40 |
|
Cne
ASSOLLANT |
démobilisation |
17/08/40 |
|
S/c DE
HAUT |
libération |
|
25/08/40 |
Sgt LINARD (5ème) |
du III/2 |
|
25/08/40 |
Sgt
MONRIBOT (5ème) |
du III/2 |
|
03/09/40 |
S/lt
SAUVAGE (5ème) |
du III/9 |
|
03/09/40 |
Adj KUNTZEL(5ème) |
du III/9 - |
|
04/09/40 |
Sgt
MEQUET (5ème) |
du I/9 |
|
04/09/40 |
Sgt
MARGERIT (5ème) |
du I/9 |
|
09/09/40 |
Sgt
GHESQUIÈRE (6ème) |
du III/3 |
|
09/09/40 |
Sgt
MICHAUX (6ème) |
du I/9 |
|
10/09/40 |
Sgt
COISNEAU (5ème) |
du II/4 |
|
18/09/40 |
S/lt GUILLOU (6ème) |
du II/4 |
21/09/40 |
|
Sgt LINARD (5ème) |
Jeunesse
et Montagne |
04/10/40 |
|
S/lt
SAUVAGE (5ème) |
congés
d’armistice |
15/10/40 |
|
Cdt
STEHLIN |
État-major
DARLAN à Vichy |
18/10/40 |
|
Adj
GOUJON |
S.C.L.A. |
22/10/40 |
|
Adj DIAZ |
Indochine |
23/10/40 |
|
Lt LEGRAND |
congés
d’armistice |
25/10/40 |
|
Adj KUNTZEL(5ème) |
démobilisation |
??/09/40 |
|
Lt BOIRIES
(6ème) |
du III/10 |
22/11/40 |
|
Cne RICHARD
(État-major) |
du I/9 |
01/12/40 |
|
Lt de
ROUFFIGNAC |
Jeunesse
et Montagne |
01/12/40 |
|
S/lt MENNEGLIER |
Jeunesse
et Montagne |
01/12/40 |
|
Sgt GAUTHIER |
Jeunesse et Montagne |
|
27/12/40 |
S/lt RIVORY (6ème) |
du I/55 |
01/04/41 |
|
Sgt
GROSDEMANCHE |
retour III/6 -
grièvement blessé le 20/09/1939 |
21/04/41 |
|
Sgt
GABARD |
libération |
22/04/41 |
|
Sgt
HARDOUIN |
libération |
23/04/41 |
|
S/c LE
GUENNEC |
vers centre de
Chasse de Blida |
23/04/41 |
|
S/c CHAMBON |
vers centre de
Chasse de Blida |
23/04/41 |
|
S/c
MARGERIE |
vers II/3 |
24/01/41 |
|
Lt LEGRAND |
retour III/6 |
|
24/04/41 |
Adj
BRODEAUX |
?? |
|
28/04/41 |
Sgt GAUTHIER |
retour III/6 |
03/05/41 |
|
Cne
GUERRIER |
État-major
Air A.F.N. |
|
06/05/41 |
S/c CHAMBON |
retour III/6 |
|
22/05/41 |
S/c
RAVILY |
du III/23
via le I/3 |
|
22/05/41 |
S/c
ELMLINGER |
du III/2
via le I/3 |
|
23/05/41 |
Sgt
SAVINEL |
du I/9 |
|
23/05/41 |
Sgt
MORALES |
du I/9 |
Concernant le marquage des avions,
il faut savoir que dès le 9 juillet la note 3456/3-S stipule que tous les
avions doivent porter sur leurs flancs une bande blanche d’une largeur de 10 cm
avec un liseré de 5 cm autour de la cocarde ; sa longueur n’est pas
précisée. Cette bande blanche a une origine tragique : le 21 juin 1940, le
s/lt Robert d’HARCOURT du GC II/3, fils du général
Bernard d’HARCOURT, inspecteur Général de la Chasse, pilotant le D.520 n°112, a
confondu le Potez 631 de l'ECN 4/13 détaché à la 1/13 avec un Messerschmitt 110
et est passé à l’attaque, criblant d’obus l’aile du Potez. Le mitrailleur
arrière de l’avion de reconnaissance français, à la 3ème passe,
s’estimant en légitime défense, a riposté et le D.520 et son pilote se sont
écrasés à coté se Senlis.
En toute urgence le Général PINSARD, par sa circulaire n°2379/Gr.21/ES du 26
mai 1940, a demandé alors à ce qu’une bande blanche soit peinte sur tous les
Potez 63. Par extension, après Mers el-Kébir, la note du 9 juillet généralise
cette marque à tous les avions d’A.F.N. au
Par exemple : sur la photographie
non datée de droite ci-dessous on reconnaît de gauche à droite ; adj Guy
JAPIOT, adj Auguste KUNTZEL, sgt
Raymond GABARD, adj Jean DIAZ, devant le D.520 n°197 « Le
Sachem » de GABARD qui ne porte pas encore la bande blanche alors qu’elle
est visible sur les photographies faites le 22 juillet 1940 lors de sa
destruction (voir plus bas). Or l’adj KUNTZEL n’a été affecté au III/6 que
début septembre venant du GC III/3, et on sait par son petit carnet de guerre
personnel qu’avant cela il n’a été présent à Maison Blanche que du 23 au 25
juin 1940 (le GC III/3 a traversé la
Méditerranée le 20 juin, pour se poser à Bône, puis partir pour Relizane via Alger le 22 - sans doute y a t-il eu quelques
retardataires dont l’adj KUNTZEL ? - et s’installer finalement le 12
juillet à Fès au Maroc avant d’être dissous en août). D’autre part nous
possédons une photo faite au CIC de Montpellier au printemps 1940 alors que l’adj
KUNTZEL était de moniteur du sgt GABARD. En
conclusion cette photo a sans doute été faite le 24 juin à Maison Blanche,
peut-être au moment du départ de la 6ème Escadrille du III/6 pour Morsott, quand l’ancien moniteur est venu saluer son ancien
élève pendant que l’adj JAPIOT étudiait la carte d’Algérie pour localiser cette
localité et préparer son vol...
|
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C.I.C. de
Montpellier - Printemps 1940 : X, adj KUNTZEL et MILLET, moniteurs, sgt GABARD en formation devant le MS.406 n°1027 Alger Maison
Blanche – 24 juin 1940 (par déduction) : adj JAPIOT, adj KUNTZEL, sgt GABARD, adj DIAZ, devant le D.520 n°197 « Le
Sachem » de GABARD Photographies
Auguste Kuntzel – Droits réservés – Merci à |
Autre exemple : cette
photographie de la collection de Raymond PIMONT, alors sgt
à la 6ème Escadrille du III/6 sans légende. On peut identifier un
Potez 63-11, un Dewoitine 520 sans bande blanche, mais ses marques montrent
qu’il appartient à la 5ème Escadrille du GC III/3, le trimoteur
Marcel Bloch MB 120 F-AMSZ qui assurait en juin 1940 la ligne régulière pour
Air Afrique et le Savoia Marchetti SM-83
« OO-AUE » de la SABENA n°20.07.38 446, appareil initialement
réquisitionné par Vichy à Alger, remis à l’École de Pilotage Militaire Belge
réfugiée en A.F.N., mais finalement remis aux italiens le 30 août 1940. Cette
photo pourrait donc avoir été prise début juillet 1940.
|
Alger
maison blanche – Sans doute le 24 juin 1940 – Potez 63-11, D.520 du GC III/3,
MB 120, Savoia Marchetti SM-83 Collection Raymond Pimont
via Rémy Denizot |
Juillet 1940 : L'activité aérienne est
officiellement réduite à 4 heures de vol par mois et par pilote. Seule, une
fraude bien organisée, permet à certains de voler un peu plus.
Un accident qui aurait pu
avoir des conséquences terribles a lieu sur
l’aérodrome de Maison-Blanche le 22 juillet 1940, sans doute dû au manque
d’heures de vol d’entraînement. A 14h 10 le s/c Paul DE HAUT prend le
départ sur le D.520 n°199 en vue de convoyer cet avion à Constantine sans
savoir que le D.520 n°197 du sgt Raymond GABARD, de
la 6ème Escadrille comme lui, avait dû atterrir 2h 00 plus tôt
en vol plané, hélice calée suite à une panne de moteur à 2 000 mètres
d’altitude au-dessus de la mer, qu’il n’avait pas été déplacé et qu’il se
trouvait encore sur le terrain dont les bords étaient d’ailleurs toujours encombrés
par de nombreux appareils convoyés à Alger avant l’armistice. Aveuglé par
l’immense capot moteur du D.520, il n’aperçoit l’obstacle que trop tard et
étant déjà à grande vitesse, il tente de décoller mais ne peut éviter une
collision brutale. Le pilote s’en sort miraculeusement avec trois semaines
d’hôpital mais les deux avions dont détruits.
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Alger Maison
Blanche – 22 juillet 1940 - Les débris des Dewoitine 520 n°199 du s/c DE HAUT
et n°197 « Le Sachem » du sgt GABARD,
tous deux de la 6ème Escadrille, après l’atterrissage mal maîtrisé
du premier cité Sur la photographie de gauche on aperçoit
entre les deux carcasses un trimoteur MB.120 en phase d’atterrissage Collection Raymond Gabard via |
Le s/c de HAUT avait été affecté
d’office au III/6 parce qu’il avait demandé à effectuer la traversée de la
Méditerranée avec ce Groupe le 20 juin. Cela n’avait sans doute pas plu à son
Commandant qui, après une enquête rapide, estime dans son rapport au Commandant
de la B.A. de Maison-Blanche (n°443/G.C.3/6) que le pilote aurait dû passer
soit à droite, soit à gauche !!! … et qu’il porte donc l’entière
responsabilité de l’accident. En conséquence et comme à son habitude, il veut
une sanction et demande sa radiation immédiate du personnel navigant ;
rien de moins ! Paul Louis Marie JACOBÉ de HAUT de SIGY (1906-1995), un
des 5 enfants de
C’est seulement le 16
septembre qu’un nouvel appareil, le n°311 (33), pourra être affecté au sgt GABARD.
Le GC III/6 à Alger – Maison -Blanche en
juillet / août 1940
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Dewoitine D.520 du GC III/6 à Maison Blanche
– Au centre le n°368 « 12 » et le fameux n°277 « 6 » du
s/t LE GLOAN (5ème Escadrille) et dehors les n°346 (27), n° 174
(28) et 138 (29) (6ème Escadrille) |
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D.520 n°358 « 26 - Quo Vadis »
du s/lt MENNEGLIER (6ème) |
Avion école Caproni
Ca 164 acheté à l’Italie - D.520 n°48 « II » du GC I/3 (*) |
Breguet 693 – Groupe indéterminé |
Photographies
Jean Menneglier – Droits réservés
(*) Le Dewoitine 520
n°48 est un des trois avions utilisés pour les essais d'endurance en avril 1940
(n°47 à 49) qui étaient codés de la sorte de I à III. Affecté ensuite au GC
I/3, il est resté à Alger le 10 juin 1940 lors du transfert de ce Groupe de
Perpignan à Kalaa –Djerda
en Tunisie via Oran, Alger, Tunis et Oudna entre les
17 et 21 juin 1940. Récupéré par la 5ème Escadrille du III/6, il
porte encore ici les marques du GC I/3. Il sera codé « 5 » et fera le
déplacement de Casablanca, voir une photographie plus bas.
Accidenté le 24 janvier 1940 à Oran où il restera indisponible une bonne partie
du début de l'année 1941, il rejoindra Alger avant le départ du III/6 pour le
Levant en mai 1941, mais il sera échangé avec le n°146 du II/7 au passage du
Groupe à Tunis le24 mai 1941.
C’est en janvier 1940
que la France a commandé en Italie 100 Caproni Ca.164
pour ses écoles d’aviation pensant ainsi montrer à Mussolini sa bonne volonté
politique et calmer ses ardeurs belliqueuses. La production s’est poursuivait
jusqu'en lai et environ 70 avions ont été livrés en France. L’Italie a ensuite
récupéré 16 avions après son occupation du sud de la France en 1943.
Profil des
Dewoitine n°277 « 6 » de la 5ème (LE GLOAN) et n°358
« 26 Quo Vadis » de la 6ème Escadrille
(MENNEGLIER) - Avant et après le marquage des avions de l’armistice
|
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D.520
n°48 « 5 », n°284 « 8 », n°329 « 9 » de la 5ème
Escadrille, n°331 « A » (STEHLIN) et n°314
« S » (CHAINAT) |
S/lt SATGÉ et adj
DIAZ de la 6ème Escadrille |
Cne STEHLIN et sgt
PMONT de la 6ème Escadrille |
Photographies
Jean Menneglier et Collection Raymond Pimont via Rémy Denizot – Droits
réservés
Dewoitine
n°331 « A » du cne STEHLIN, commandant du
Groupe III/6
Photographie
à gauche Auguste Kuntzel – Droits réservés
Profil du
Dewoitine n°313 « 21 » du capitaine GUERRIER, commandant la 6ème
Escadrille et du capitaine SAUTIER n° 369 codé « X » affecté à
l’État-major du III/6
Août 1940 : La nouvelle
organisation des Forces Aériennes de l’armistice en A.F.N. est définie le 9
août 1940. Le Groupe de Chasse GC III/6 à Maison-Blanche (D.520), le
GC I/3 à Oran (D.520), le GC II/3 à Maison-Blanche (D.520) sont
rattachés au « Groupement de Chasse 26 » de Maison-Blanche qui doit
opérer en coopération avec le « Groupement 3 » constitué des GB
I/11 à Oran (LeO 451), I/19 à Sétif (DB-7) et
II/61 à Blida (DB-7) (Bombardement), ainsi qu’avec les GR I/52 (?) et II/52 à
Oran (Bloch 175) et I/36 à Sétif (Potez 63.11) (Reconnaissance).
Trois pilotes sont
démobilisés et un piloté libéré.
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L’État-major
du III/6 : lt BRAUDEAU (officier mécanicien), cne CHAINAT, cne STEHLIN, cne ASSOLLANT, cne de
RIVALS-MAZÈRES, s/lt Armand LOTTI (renfort services
administratifs) |
LOTTI, de
RIVALS-MAZÈRES, BRAUDEAU, CHAINAT, STEHLIN et ASSOLLANT Dewoitine 520 n°314 du capitaine CHAINAT orné
de la bande des « As » et de la cigogne de la SPA 3 |
16 août 1940 –
Avant le départ des capitaines
Collection et photographies Georges GAUTHIER – Droits
réservés
La page du capitaine Chainat La page du capitaine Assollant
Après le
départ du capitaine Chainat, la bande des
« As » et la cicogne de la SPA 3 ont été
masquées par un camouflage provisoire sur le Dewoitine n°314
Cet avion sera utilisé principalement par le
capitaine SAUTIER et il recevra finalement le code « 12 » ; voir
la photographie à Casablanca plus bas
L’arrivée de Julienne BIBERT à Alger
19 août 1940
Joseph BIBERT obtient enfin
une information sur le sort de son épouse Julienne le 20 juillet via Edmond
CHÉDEVILLE, un cousin de celle-ci qui est facteur à Philippeville et à qui elle
a écrit.
Celle-ci a été évacuée le 12
juin de Chartres sur Bordeaux avec le personnel militaire et civil du Parc
1/122 où elle travaillait comme secrétaire comptable. Lors de l’armistice les
personnels civils sont licenciés et laissés totalement en plan. Ils doivent se
débrouiller tout seuls, tandis que les militaires se déplacent d’une manière
anarchique de la Gironde au Périgord en convoi en attendant d’être fixés sur
leur sort. Julienne s’est décidée avec obstination et courage à les suivre à
distance avec sa bicyclette qu’elle avait réussi à placer dans un des camions
du convoi, jusqu’à ce que le 6 juillet 1940, elle obtienne enfin le
renseignement précieux qu’elle attendait. Elle écrit dans son carnet :
Samedi 6 juillet 1940 : « Départ de Melle Saintif à la
Réole pour Mautauban. Je vais au château du Mirail
(**) pour essayer d’avoir des nouvelles de Dolph (*).
Sans résultat.
Vu lieutenant Sautheron dans la soirée : le 3/6 est en Afrique.
Cafard et désespoir. »
(*)
« Dolph » diminutif de Adolphe, second
prénom de Joseph, usuel en Alsace,
(**) à
10 km de Bazas en Gironde où elle avait trouvé un gîte, château où
s’étaient installés les militaires du parc 1/22
Rien de plus comme
information : à partir de là, sa décision est prise, elle partira au plus
vite en Algérie le rejoindre. Elle écrit immédiatement à son cousin Edmond pour
obtenir plus de renseignements. Celui-ci reçoit son courrier 10 jours plus tard
et finit par trouver un moyen, malgré la censure, de localiser le III/6 et de
faire transmettre par un officier qu’il peut joindre au téléphone le 20 juillet
l’adresse que Julienne lui a donnée : « Parc 1/122 - Savignac - Gironde » et il lui écrit une lettre pour lui fournir des recommandations
afin de pouvoir s’embarquer à Marseille, mais la missive n’arrivera pas à
destination et lui sera retournée (enveloppe ci-dessous). Elle reçoit seulement
un télégramme le lendemain 21 juillet : le
Enveloppe de
la lettre d’Edmond CHEDEVILLE à Julienne CHEDEVILLE du 20 juillet, non
parvenue, retournée à l’envoyeur
Elle apprend dans le même
temps que sa mère et d’autres membres de sa famille partis en exode, ont échoué
à Vodable, petit village perdu dans le Puy-de-Dôme à 50 km au sud de
Clermont-Ferrand, à près de 400 km de Savignac où elle se trouve... Qu’à
cela ne tienne !
Sur sa bicyclette, elle fera
donc par étapes la route pour rejoindre Vodable à travers les monts du Massif
Central ; elle y embrassera sa mère le 31 juillet. Il lui faudra deux
semaines pour préparer son voyage vers l’Algérie et obtenir les papiers
nécessaires pour cela. Elle prend le train le 16 juillet à 16h 00 à
Issoire, emmenant avec elle sa précieuse bicyclette, arrive à Marseille le
lendemain matin, samedi 17 août à 8h10.... Dans son carnet :
Samedi 17 août 1940 : « Cie Transatlantique.
Bagages.
Départ de France à 11h (*).
Marseille disparaît dans la brume et dans la fumée. Je vais vers toi Dolph chéri et je suis heureuse. La mer est belle. Je
t’aime.
Après le dîner je rêve
longuement sur le pont.
Le clair de lune fait sur
la mer une coulée d’or vivant. Nous apercevons au loin les côtes d’Espagne. Je
rentre à regret dans la cabine à 23h30. Deux nuits seulement me séparent de toi
que j’aime mon mari chéri et cela fait battre mon cœur délicieusement.
(*)
Paquebot Gouverneur Général GUEYDON
Dimanche 18 août 1940 : « Levée tôt je
m’installe sur le pont où il fait frais et bon et je t’adresse Dolph chéri mes pensées les plus tendres.
La terre d’Afrique
apparaît.
Après déjeuner et la sieste sur le pont, visite des machines du
bateau et de la cale. Apéritif avec le Commandant Jourdain et l’Officier
Mécanicien.
Lundi 19 août 1940 : « Journée d’impatience
et de fièvre. Une angoisse m’étreint quand je découvre Alger. Dolph sera-t-il là ? Alger la blanche se précise,
belle imposante. Sera-t-il là ?
Le jeune couple va donc
pouvoir profiter un temps d’une vie calme, même si les conditions matérielles
sont précaires, sans connaître les grandes difficultés de celles et ceux eux de
leurs familles qui essayent tant bien que mal de retrouver un sens à leur
existence incertaine, à Chartres malgré l’occupant, où en Alsace de nouveau
allemande car immédiatement annexée par le Grand Reich.
Après un séjour de jeunes
mariés à l’Hôtel de l’Oasis, ils peuvent emménager à Fort-de-l’Eau
au n°71 de l’avenue Gueirouard, dans une petite mais
agréable maisonnette située à quelques centaines de mètre de la mer, louée... à
un facteur !
Fort de l’eau
avant-guerre – L’avenue GUEIROUARD est la troisième à partir du bord de mer
dans « La Station » construite à la fin du XIXème siècle
Lire : L’incroyable vie de Gabriel GUEIROUARD (en cours
de rédaction)
Cependant les communications
avec leur famille sont provisoirement impossibles. Quelques lettres pourront
passer grâce à l’intermédiaire d’un « porteur » occasionnel ; à
partir de septembre, il ne reste plus officiellement que les invraisemblables
« cartes interzones » à 13 lignes « à biffer ou à
compléter » avec seulement deux lignes libres. Il faudra attendre juin
1941 pour pouvoir correspondre un peu plus facilement sur des cartes non
illustrées avec un recto vierge, mais censure oblige, il faut rester prudent !
Après le débarquement des Alliés du 8 novembre 1942 en A.F.N. le lien sera
coupé jusqu’à septembre 1944, après le débarquement de Provence.
Joseph apprendra malgré tout
que son village natal de Marckolsheim en Alsace a été détruit en juin 1940 et de
que la maison de sa famille, heureusement saine et sauve, est trop endommagée
pour être habitable.
Cliquez sur le bandeau des
miniatures ci-dessus ou ci- dessus pour ouvrir la page contenant ces photos
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Alger
Maison Blanche – Août 1940 – Le capitaine STEHLIN et son Dewoitine n°321 codé
« A » -Masque sévère (5ème) et rieur (6ème) Collection Jean Emery-
Droits réservés |
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Le sous-lieutenant LE GLOAN est devenu la gloire du Groupe le 15 mai 1940 et même s’il n’a
pas volé ce jour là sur cet appareil mythique, le
n°277 codé « 6 », son Dewoitine habituel, ses mécaniciens l’ont
fièrement décoré de la bande des « As » et ont posé avec le pilote
pour cette photographie restée célèbre car souvent publiée sous diverses
formes dont des cartes de collection en diverses langues... Mais eux, sont
restés les grands anonymes de l’Histoire ! Profitons de cette page pour
leur rendre l’hommage qu’ils méritent ! De gauche à droite : · l’adj René COLIN, chef de
Hangar de la 5ème Escadrille, dit « le père Co» originaire de
Châteauroux, · le 2ème classe GUILLUMETTE · Le sgt COLIN, dit « le fils Co » originaire de Pont à Mousson. Collection Joseph Bibert – Droits réservés |
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20 août 1940 : Un Potez 650 dans le
« bled » :
Mémoires de Jean
MENNEGLIER « ...Je logeai avec plusieurs officiers dans un hôtel
réquisitionné, le Family Hôtel, situé dans une rue parallèle à la rue Bab-Azoun, à deux pas du Square Bresson et du port. La popote
fut établie dans un hôtel qui donnait sur la place du Gouvernement près de la
Poste principale. Et le traintrain d'une vie qui n'était pas tout à fait
celle d'une garnison commença. On montait au terrain tous les matins avec un
car et on en redescendait le soir. Il devait y avoir un service d'alerte pour
lequel quelques pilotes et mécaniciens montaient au terrain avant le lever du
jour. Il y avait quelques vols d'entraînement. On nous utilisa même pour
convoyer des avions. J'allai à Oran avec un Potez 25 TOE, modèle spécial pour
les vols outre-mer, qui devait être passablement déréglé car je n'arrivais
pas à tenir un cap correct avec... ... Un jour je partis avec quelques pilotes pour aller
rechercher des Dewoitine laissés à Constantine. Nous partîmes avec un Potez
650 qui était une version transport de passagers du bombardier Potez 540. Un
des moteurs se mit à cafouiller. Le pilote se posa dans un grand champ à Bouïra (Kabylie). Pendant que le mécanicien recherchait
et réparait la panne nous fumes entourés par une foule d'autochtones venus
voir de près l'avion et ses passagers... » |
On en sait un peu plus grâce
aux 3 photographies que Jean MENNEGLIER a faites ce jour-là et à son carnet de
vol. JAPIOT, LE GLOAN et MARTIN, au moins, sont de l’expédition ; voir JAPIOT
et LE GLOAN dans le Potez, MARTIN et LE GLOAN à l’ombre sous son aile. Jean
MENNEGLIER, revient le lendemain à Alger avec le D.520 n°383 (notation dans son
carnet de vol, mais rien sur le L.O. de la 6ème). On sait par
ailleurs par le LO de la 5ème que 9 D.520 ont été convoyés à
Constantine les 22 et 23 juillet : les n°48, 57, 195, 200, 310, 329, 344, 382
et justement le 383. Reste encore à déterminer les raisons de ces déplacements
d’avions de provenance diverse dont aucun n’est affecté au III/6 à cette
date...
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Le Potez
650 transportant des pilotes du GC II/6 à Constantine en panne dans le
« Bled » à Bouïra (50 km sud-est d’Alger)
le lt MARTIN et le s/lt
LE GLOAN de la 5ème Escadrille Photographies Jean Menneglier- Droits réservés |
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Alger Maison
Blanche – 28 août 1940 – Le Dewoitine n°365 du s/lt
STEUNOU (*) dont le
train d’atterrissage a cédé Sur le
carnet de vol du pilote sont seulement indiqués ce jour là
2 vols d’entraînement de 30 et 35 minutes sans mention de l’accident Photographies Jean Menneglier- Droits réservés |
D’août à octobre 1940 à Alger – Maison Blanche : la longue
liste des « incidents »
lLe rédacteur du journal de la 6ème
Escadrille écrit : « Les vols de routine continuent au
ralenti ; s’ils entretiennent les pilotes, ils ne font pas de même
avec les avions, qui ont de plus en plus un grand Amour pour le plat-ventre … A
quand la quintonine (*) pour les trains Messier ? »
(*)
La quintonine élixir à base de quinquina, réputé pour
ses prétendues vertus contre le traitement de la fatigue et de l'asthénie était
l’arme suprême des Armées françaices en 1940 !
·
Le 17 août au décollage le
train d’atterrissage du D.520 n°295 (30) le s/c Le GUENNEC (6ème)
se replie sans raison apparente au cours du roulage. Le pilote récupère le 16
septembre l’ancien appareil du cne Assollant, le n°302, qui sera codé « 30 »,
·
Le 19 août à l’atterrissage,
le lt MARTIN (5ème) ne peut maîtriser son
D.520 n°301 (2) qui part en cheval de bois. La contrainte imposée au train
est telle qu’il se casse net, l’avion termine sa course sur le ventre,
·
Les dégâts sur les deux
appareils sont trop importants pour être pris en charge par les mécaniciens du
groupe. Ils sont tous deux reversés à l’ARAA d’Alger,
·
Le 28 août le train du
n°356 (25) du s/lt STEUNOU (*) cède à
l’atterrissage, l’appareil part également à l’ARAA d’Alger. Il est remplacé le
2 septembre par le n°370 (futur « 25 »),
·
Le 2 septembre, c’est celui
du n°360 (10) piloté par le sgt HARDOIN qui
se plie ; appareil réformé,
·
Le 4 septembre, c’est au tour
du Sgt LINARD à bord du n°195 (4) de subir la même mésaventure ;
dégâts mineurs,
·
Le 6 septembre, celui du cne JACOBI, le n°229 (1) ; dégâts mineurs,
·
Le 7 octobre, celui du cne SAUTIER, le n°369 (X) ; train cassé,
·
Le 7 octobre, celui du s/c
MERTZISEN, le n°368 (12). Il pourra être réparé au sein de l’A.I.A. « où le Groupe a
désormais un abonnement ! »,
Plus de trace de rapports
tonitruants du Commandant du Groupe et de demandes de sanctions. Il y en aurait
peut-être trop, ce qui ferait désordre, et peut-être sait-il
déjà qu’il va être appelé à de plus hautes fonctions à Vichy le 15
octobre ?
·
Le 18 octobre, le s/lt STEUNOU (*) endommage son tout nouveau n°370 (25) en lui faisant faire un
demi-tour se terminant par un arrêt brutal ; un mois d’indisponibilité
pour l’avion,
·
Le 22 octobre, l’adj JAPIOT
effectue un désormais traditionnel atterrissage sur le ventre à bord du n°138
(29) de l’adj DIAZ qui n’est pas encore parti pour l’Indochine, sa nouvelle
affectation.
(*) Carnet de vol du
s/lt STEUNOU : 4 vols sur le n°370 et 1 vol
sur le n°138 en septembre, 7 vols sur le n°370 en octobre jusqu’au 18, puis il
utilise les n°358 (appareil de Jean MENNEGLIER qui a quitté le Groupe) et 357
(3 vols) mais il part à Casablanca sur le n°326 qui était un des avions de la
patrouille polonaise. Au Maroc il vole sur les n°330 ; n°358 et n°145
avant de reprendre le manche du n°370 le 28 novembre qu’il ramènera à Alger le
20 janvier 1941. Par contre, après une intervention des mécaniciens sur
l’appareil, il fait les essais du n°358 les 14 et 15 décembre qui se termine
par un nouvel accident. Cet appareil ne volera plus au III/6 après cela.
Le SERVICE CIVIL DES LIAISONS AERIENNES – S.C.L.A.
L’affectation de Joseph
BIBERT change le 31 août 1940 comme le montre une mention sur le Journal de
Marche de la 6ème Escadrille :
« Le s/c Bibert est affecté au MGT »
Rien de pareil n’apparaît sur
son livret militaire ; en fait il fait partie de ceux qui n’apparaîtront
plus dans les effectifs du Groupe pour répondre à la volonté de la commission
d’armistice de les réduire. Certains rejoignent donc le S.C.L.A, « Service
Civil des Liaisons Aériennes », placé sous la tutelle officielle
« d’Air France », permettant ainsi à de nombreux appareils militaires
d’être soustraits aux inventaires officiels et de pouvoir circuler à travers
l’Empire, moyen rudimentaire de contourner les clauses de l’armistice. Joseph
n’est plus « Chef de hangar » de la 6ème Escadrille, mais
« Employé aux Moyens Généraux » du S.C.L.A.F.N. (F.N. pour Afrique du nord) avec un
travail quasi-identique, s’occupant d’avions différents, mais travaillant en
civil dans un hangar peu éloigné de celui du III/6 ! Quand nous avons
essayé de faire parler sa veuve de cette époque, elle disait : « Quand votre père
travaillait à « Air France » : elle
n’en savait pas plus ! Dans l’année 1941, sans mention particulière dans
les livres de son « retour », Joseph sera de nouveau en
escadrille !
Deux appareils du S.C.L.A. à Alger à l’automne 1940
Lockheed 18
F-ARTZ utilisé par Air France sur son réseau africain et Caudron 445 Goéland du
S.C.L.A.F.N.
Merci à
Bernard Palmieri pour cette illustration
Le
Service Civil des Liaisons Aériennes L'armée de l'air de Vichy fut autorisée
par les Commissions d'armistice à transformer la 15ème Escadre de bombardement
en groupement de transport 15 avec deux groupes basés en A.F.N., le GT 1/15
et le GT 2/15, auxquels viendront ultérieurement s'ajouter les GT 3/15 et
4/15. Ces groupes, équipés de Farman 221, 223, 224 et de Potez 540 et 650,
effectueront de nombreuses missions de liaisons et de transport vers la
métropole (par exemple, en 1941 le « rapatriement » de l'or belge
qui sera saisi par les Allemands) ou vers nos colonies en Afrique, au Levant
(campagne de 1941), dans l'Océan indien et en Indochine. Le S.C.L.A. est crée
par le gouvernement de Vichy parallèlement à ce GT 15, (note EMAA
3754-1/1 du 16 août 1940) pour assurer officiellement les liaisons
intérieures indispensables, probablement aussi pour camoufler une partie
du matériel et fournir un entraînement aérien aux équipages militaires dont
la démobilisation a été exigée par l'occupant. Les tâches dévolues aux
S.C.L.A sont précisés ultérieurement comme suit : 1) Les S.C.L.A. et d'aviation sanitaire
ont pour objet d'effectuer, sur la demande des autorités accréditées à cet
effet, dans les conditions qui seront précisées ci-après, des voyages entre
leurs bases de stationnement et des aérodromes ou terrains désignés dans les
instructions particulières de ces services. 2) La gestion des S.C.L.A pour l’administration
des personnels, la gestion et l’entretien, du matériel, le fonctionnement des
lignes sont confiés à Air France. Le personnel est recruté parmi le personnel
d'Air France complété par du personnel (pilotes, radio-navigants,
mécaniciens), théoriquement « volontaire » pour faire partie du
S.C.L.A. à titre civil. Le service est organisé par région
suivant les besoins de liaisons : · Territoire de
la France non occupée : S.C.L.A.M.
avec quatre groupes à Vichy/Clermont-Ferrand (groupe I), Lyon (groupe II),
Toulouse (groupe III) et Marseille (groupe IV). Le groupe de Vichy ou section
d'avions ministériels (S.A.M.) a pour mission officielle d'effectuer
quotidiennement la liaison Vichy-Bourges de la délégation française auprès de
la commission allemande d'armistice. A Marseille Marignane, la section de
liaisons lointaines (S.L.L.) est chargée avec cinq Amiot 354, 356 et 370
d'assurer les liaisons avec le Levant, Djibouti et Madagascar. · Afrique du Nord
- Algérie. Tunisie, Maroc : S.C.L.A.F.N.,
également à quatre groupes à Alger (groupe XI), Oran (groupe XII), Rabat
(groupe XIII) et Tunis (groupe XIV). Le groupe de liaisons aériennes d'Alger
Maison Blanche, essentiellement équipé de Goéland, donnera plus tard
naissance au GLAM. · Afrique
Occidentale Française : S.C.L.A.O.F.,
créé en mars 1941, n’a pas de groupes organisés, les personnels sont détachés
aux points de stationnement des appareils; il est
chargé d'effectuer les liaisons internes à la colonie, les liaisons avec
l'A.F.N. étant à la charge du groupement 15 ou du S.C.L.A.F.N. L'effort principal porte sur ta
métropole, dotée de 50 avions, l'Afrique du Nord (50 avions), la Syrie (10
avions). L'aviation sanitaire perçoit 25 avions à répartir en divers
territoires. L'État-major de l'Armée de l'Air (EMAA) a prévu pour l'AOF 12
avions de liaison de type Goéland et Simoun et 10 appareils sanitaires allant
du bimoteur Potez 540 aux monomoteurs Potez 29 et Caudron 510. S.C.L.A.F.N. (M. Gonon) –
30 septembre 1941
D’après Vital Ferry et Bernard Thévenet |
Le capitaine STEHLIN est
nommé commandant le 3 septembre 1940 et un « pot » est organisé.
Joseph, bien qu’affecté au S.C.LA. y participe, tout
comme ses camarades mécaniciens Jean EMERY, qui était élève mécanicien avec lui
à Bordeaux en 1933, et Jules PIESVAUX qui ont fait quelques photographies de ce
moment de détente dans le hangar du III/6 à proximité de quelques Dewoitine.
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3 septembre 1940 - Le Commandant STEHLIN |
Cdt STEHLIN, s/lt
BRONDEL, cne RICHARD |
Hangar du GC III/6 |
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Debout :
MIRAND, GOUJON, BORREYE, X, LE GLOAN, Y, STEHLIN, SAUTIER, RICHARD,
BOIRIES, GUERRIER, STEUNOU, BRONDEL, SATGÉ Accroupis : PIMONT ?,
LE GUENNEC, MERTZISEN, Z |
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Photographies
Jean Emery et Jules Piesvaux – Droits réservés
Le 9 octobre 1940 une prise
d’Armes a lieu à Maison-Blanche à l’issue de l’arrivée à Alger du Général
WEYGAND qui a été nommé le 5 septembre « Délégué Général en Afrique
Française ». Celui-ci inspectera quelques semaines plus tard l’escadrille de
reconnaissance GR 1/36 du commandant VEYSSIÈRE à Aïn Arnat
(Sétif).
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Octobre
1940 - Sétif – Aérodrome de Aïn Arnat – Le général
WEYGAND inspecte le GR 1/36 équipé de Potez 63.11, qui doit agir en
coopération avec le GC III/6 et d’autres unités basées tout autour d’Alger Collection |
Le 15 octobre le commandant STEHLIN
est appelé auprès de l’Amiral DARLAN à Vichy. Il va y reprendre des activités
plus politiques, comme celles qu’il avait déjà exercées avant la guerre à
Berlin, du fait qu’il parle parfaitement l’allemand. Portant la grande tenue
blanche d’Afrique, il pose à cette occasion pour des photographies avec des
pilotes du Groupe.
Le capitaine Guillaume de
RIVALS-MAZÈRES (*) qui est rentré de convalescence en septembre lui succède
provisoirement.
(*) Le comte Guillaume
Élie Marie Bertrand DE RIVALS-MAZÈRES (1908/2001), est issu d’une vieille
famille aristocrate de Fiac dans le Tarn. Sa mère est
une Toulouse-Lautrec, cousine éloignée du célèbre peintre Henri. Diplômé de
l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr (1928-30), il s’est marié en premières
noces en 1937 avec Geneviève PELLEY du MANOIR, descendante d’une famille noble
famille d’armateurs et de corsaires de Granville. Il sera Général de corps
aérien et commandant
de l'École de l'Air, Grand-Officier de la Légion d'honneur. Son épouse est
décédée à Toulouse en septembre 1940 quelques jours après la naissance de son
second fils (il aura trois autres enfants issus d’un second mariage en 1945).
Il est donc compréhensible que dans les archives du III/6 on parle d’un
« retour de convalescence » plutôt que des évènements familiaux qui
l’ont conduit à se rendre à Toulouse en septembre.
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Le commandant STEHLIN devant son D.520 n°331
codé « A » et à droite avec les sgt
PIMONT, lt BOIRIES et lt
LE GLOAN |
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Alger-Maison Blanche – 15 octobre 1940 -
Départ pour Vichy du commandant STEHLIN De gauche
à droite : Sgt PIMONT, s/lt SATGÉ, lt LEGRAND, cne SAUTIER, cne JACOBI, s/lt BRONDEL, cdt STEHLIN, lt BOIRIES, s/lt LE GLOAN, s/c MERTZISEN,s/c
CHARDONNET, s/c LE GUENNEC, adj GOUJON |
Du 30 octobre 1940 au 2 janvier 1941 à Casablanca
Le GC III/6 reçoit
l’ordre le 28 octobre de quitter Maison-Blanche (Algérie) pour Casablanca –
Camp Cazes (Maroc) afin de prendre la place du GC II/5 envoyé avec ses
Curtiss à Dakar (A.O.F.) dont la défense du port doit être renforcée. La 6ème
Escadrille accomplit le déplacement d’une seule traite le 29 octobre. Ceux de
la 5ème Escadrille font deux étapes, la première de 1h 15, ce
qui leur permet de passer une la soirée avec les pilotes du GC I/3 à La Sénia (Oran). Ils arrivent à Casablanca le lendemain après
2h 00 de vol.
Joseph BIBERT, toujours au
S.C.A.C. ne participe pas à ce déplacement à Casablanca, tout comme l’adjudant
GOUJON qui l’a rejoint le 18 octobre.
Dans les semaines qui vont suivrent, des photographies des appareils du GC III/6 en
vol ont été faites au- dessus de Casablanca. Quelques unes
sont rassemblées ci-dessous, sans doute avec d’autres qui peuvent être avoir
été prises dans l’Algérois avant ou après Casablanca, mais en tout cas avant la
campagne du levant de mai 1941.
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D.520 n°48 codé « 5 » - Ancien
appareil « II » du GC I/3 – Robert MARTIN |
D.520 n°277 codé « 6 » - |
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D.520 n°284 codé « 8 » - Maurice
CHARDONNET |
D.520 n°329 codé « 9 » - |
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D.520
n°367 codé « 11» - Roger HARDOUIN Appareil ramené d’Alger le 23/11/1940 par le cne JACOBI après réparation (aile brisée) |
D.520
n°314 codé « 12 »- Ancien appareil du cne CHAINAT – Cne SAUTIER Voir la photographie plus haut dans cette
page quand le code n’était pas encore peint |
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D.520 n°370 codé « 25»
- Marcel STEUNOU |
D.520
n°302 (1) – Le code « 30 » effacé par un carré
de peinture sombre a remplacé le code « S » |
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D.520 n°321 codé « 31 » - Roger
PIMONT |
L’aile du D.520 du n°358 de Jean MENNEGLIER
et deux appareils de la 6ème Escadrille |
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(1) Le D.520 n°302 aura un destin
particulier. Pendant la campagne du Levant, le 7 juillet 1941, le capitaine
de RIVALS MAZÈRES est contraint de poser cet appareil dans le désert. Voir son
profil un peu plus bas - Récupéré par les Français Libres, il est remis en
état à Rayack pour le Groupe « Normandie »
et piloté par Albert LITTOLF |
Le Groupe est affecté
temporairement au Groupement de Chasse 23, qui comprend également de
GC I/5 de Rabat. Comme signalé dans le tableau plus haut quelques
mouvements de personnels auront lieu à Casablanca avec le départ de trois
pilotes ; lt de ROUFFIGNAC (5ème), lt MENNEGLIER (6ème) et sgt
GAUTHIER (6ème) vers des camps de Jeunesse et Montagne en France,
compensé par l’arrivée du Commandant GEILLE et du capitaine RICHARD à
l’État-major et d’un nouveau pilote à la 6ème, le lt RIVORY ancien du GC I/55 dissous lors de l’armistice.
Nouvelles
têtes au GC III/6 : commandant GEILLE le 20/12/1940 (E.M.) - sgt GHESQUIÈRE dit « Achille » le 9/09/1940 et lt RIVORY le 27/12/1940 (6ème)
Le Maroc échappe encore aux
investigations de la commission d’armistice et en partie aux restrictions
d’essence. Les pilotes essayent de rattraper le temps d’entraînement perdu et
ils volent beaucoup plus qu’à Alger.
Le 6 novembre 1940, avant que
les Curtiss H-75A du GC II/5 ne soient partis pour l’A.O.F., le s/lt LE GLOAN et le s/c Gabriel MARGERIT (5ème),
le cne GUERRIER et le sgt
MICHAUX (6ème) veulent confronter l’appareil américain avec le
Dewoitine D.520 (voir extrait du carnet de vol de MICHAUX ci-dessous). En
conclusion, il faut aux deux appareils un temps équivalent pour
atteindre2 000 mètres, mais avec un angle supérieur pour le chasseur
américain, et à cette altitude les vitesses sont identiques, même en piqué.
Mais une fois parvenu à 4 000 m. le D.520 prend l’avantage. En combat
tournoyant le Curtiss vire très sec, beaucoup plus que le Dewoitine, ce que les
pilotes allemands ont d’ailleurs appris à leur détriment pendant la Campagne de
France.
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13 novembre 1940 – Après deux semaines de
cohabitation sur l’aérodrome de Casablanca avec les Dewoitine du GC III/6, les Curtiss H-75A du GC II/5 se préparent à partir
pour le Sénégal (Dakar-Ouakam) aux ordres du commandant ARCHAIMBAULT Photographie Jean
Emery – Droit réservés |
Beaucoup de pilotes et de
mécaniciens ne connaissent pas encore le Maroc et ils ont le loisir de
découvrir la ville et la côte de l’Atlantique. Ils en ont ramenés
quelques photographies :
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Casablanca fin 1940 – La place Lyautey,
maintenant place Mohamed V, avec la statue du Maréchal aujourd’hui déplacée,
le Palais de Justice (en bas au centre) et la Résidence devenue consulat de
France (en bas à droite) |
Photographies Jean Emery – Droits réservés
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Jean EMERY et |
Le bus
assurant la liaison de « L’Oasis » à « L’Aviation » Avec les casquettes : PIESVAUX – MEYER -
ROBERT –DANET - BRIÈRE |
MEISSONNIER et Jules PIESVAUX |
Photographies Jean Emery et Jules Piesvaux
– Droits réservés
Le 28 novembre le lt BOIRIES tord l’hélice du n°357 (22) sur la pompe à eau du
terrain. L’appareil pourra être réparé par les mécaniciens du Groupe.
Le 30 novembre le sgt MICHAUX subit une panne moteur
et se voit contraint de poser sans incident le D.520 n°313 (21) de son
commandant d’escadrille à Bouskoura, à une dizaine de kilomètres au Sud de
Casablanca (voir extrait de son carnet de vol ci-dessous) ; une équipe de
trois mécaniciens dont fait partie le sergent Lucien ROBERT sera dépêchée sur
place avec des aides marocains pour changer le moteur.
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1er décembre 1940 – Bouskoura – Le
sgt ROBERT, casquette, avec deux autres mécaniciens
de la 6ème et trois aides
marocains changent le moteur du D.520 n°313 Photographies Lucien
Robert – Droits réservés |
Le 2 décembre une délégation
du III/6 participe à une prise d’armes à Port-Lyautey en l’honneur du Général
WEYGAND, Délégué général en Afrique française depuis septembre, à l’issue de sa
tournée d’inspection au Maroc.
Le 20 décembre 1940 le
Commandant Frédéric GEILLE arrive à Casablanca pour prendre le commandement du
Groupe :
Incorporé en 1914 au 41ème Régiment d'Infanterie comme soldat il est sous-lieutenant en 1917 quand il intègre l'aéronautique militaire. À la fin de la guerre, il continue sa carrière dans l'aviation en se passionnant pour le développement du parachute. Il est capitaine en 1927 et commandant en 1937. Il obtient le premier brevet français de « moniteur parachutiste » en février 1939 après un stage en Union Soviétique. A la déclaration de guerre il est depuis quelques mois Commandant du GC III/2 sur la BA 122 de Chartres. D’abord à Cambrai, le III/2 se déplace ensuite sur de nombreux terrains de campagne différents au fur et à mesure de l’avance allemande. Il obtient 2 victoires, mais il est abattu en flammes le 13 juin. Grièvement brûlé, il sauve sa vie en sautant en parachute i