« Les Hommes du GC III//6 » – Troisième partie

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Album photographique n°VII de Joseph Adolphe BIBERT

Second semestre 1941 à décembre 1944 en A.F.N.

 

 

 

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Photographies et documents personnels de Joseph et Julienne BIBERT

Mise en page : François-Xavier BIBERT (02/2022)

Reproduction interdite

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 Second semestre 1941 

 

 

 Naissance de Marie Thérèse BIBERT – Clinique des orangers - Alger 

 

 

Naissance Marie Thérèse BIBERT

Naissance Marie Thérèse BIBERT

24 août 1941 – Clinique des Orangers à Alger – Naissance de Marie-Thérèse BIBERT

 

 

Naissance Marie Thérèse BIBERT

Naissance Marie Thérèse BIBERT

Naissance Marie Thérèse BIBERT

Septembre 1941 - Fort-de-l’Eau – 71, avenue Guérouard - Joseph, Julienne et Marie Thérèse BIBERT avec le chien « Taffy »

 

 

Cap Matifou, Maison Blanche (terrain d’aviation du GC III/6), Fort-de-l’Eau, Maison-Carrée et Alger autour de la baie d’Alger

Dans une des premières lettres envoyées de Fort-de-l’Eau à sa famille en août 1940, Julienne BIBERT avait tracé un croquis (orienté nord vers le bas) plaçant le Cap Matifou, Maison Blanche (terrain d’aviation du GC III/6), Fort-de-l’Eau, Maison-Carrée et Alger autour de la baie d’Alger

« Fort-de-l’Eau », est maintenant « Bordj El-Kiffan »

 

Première carte inter zone de Marie-Thérèse LAGRANGE   Première carte inter zone de Marie-Thérèse LAGRANGE

Première carte inter zone de Marie-Thérèse LAGRANGE envoyée à son gendre et à sa fille, après avoir appris sa naissance de sa petite-fille Marie-Thérèse BIBERT

 

 

12 octobre 1941 - Baptême de Marie Thérèse BIBERT

12 octobre 1941 - Baptême de Marie Thérèse BIBERT - KUNTZEL - BORREYE

12 octobre 1941 - Baptême de Marie Thérèse BIBERT en l’église de Fort-de-l’Eau

Le parrain est Xavier BIBERT, cousin germain de Joseph ; il est en formation en A.F.N. et deviendra officier de l’Armée de l’Air

La marraine, alors à Chartres, est Lucie LAGRANGE, la ½ sœur de Julienne, qui est représentée par Raymonde KUNTZEL (ici avec son fils Daniel) ; Auguste KUNTEL absent est adj/c pilote au GC III/6 (5ème)

Sophie et Omer BORREYE, sous-officier mécanicien à la 5ème escadrille du GC III/6, sont également présents avec leur fils Jean

 

 

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 1942 

 

 

Le 31-12-41 - Très chers

L’année qui verra la fin de nos tourments, verra aussi notre réunion... Dimanche il ne manqait que vous trois à la table familiale et nous avons bien pensé à vous. C’est la première fois depuis près de 3 ans que nous revoyions Raymond. Je n’avais pas revu Denise depuis le 14 janvier 40 et dans quelles conditions ! Heureuse époque... ?... Papa et Maman reprennent des joues : pas trop tôt ! Paulo est un grand Coudryon calme... seul Raymond est fatigué ; excés de nourriture sans doute . Ah ! Misère ! Et il faudrait dire “Amen”....

 

Cette carte interzone a été envoyée par Georges CHÉDEVILLE (1910), le frère aîné de Julienne, commerçant, qui a pu venir de Rambouillet à Chartres avec son épouse et ses deux petites filles Bernadette (6 ans) et Elisabeth (4 ans) passer le dimanche suivant Noël chez sa mère Marie Thérèse et son beau-père Henri LAGRANGE, dans la maison familiale de Saint-Chéron. Elle présente un intérêt particulier car en cette fin d’année 1941 les Français vivant en zone occupée n’ont pas une vie facile et certains commencent à se poser des questions sur la voie choisie par le Maréchal. Le courrier interzone qui ne peut se faire que sur des cartes règlementaires, sans enveloppe, est soumis à la censure, et les messages que l’on veut faire passer ne peuvent pas être trop clairement exprimés ! Denise (1912), leur quasi-sœur est mariée à Raymond VALLÉ et ils vivent difficultueusement à Paris, sans travail ; « fatigué, excès de nourriture » ! On comprend ! Paulo (14 ans) est le fils d’Andrée (1907), leur autre quasi-sœur, mariée à un agriculteur du Coudray (« coudryon »), commune limitrophe au sud de Chartres. « tourments », « dans quelles conditions ! » « Heureuse époque ? », « Misère », « Et il faudrait dire Amen ! » : si Joseph et Julienne vivent assez mal leur éloignement, s’il est difficile pour eux de se ravitailler suffisamment et correctement en nourriture et biens usuels, ils ont, malgré tout, la chance d’avoir pour le moment une vie sans doute plus facile que bien d’autres dans l’hexagone, ce qu’ils ne comprennent peut-être pas, et c’est sans doute pourquoi on leur fait passer quelques messages non subliminaux ! (1). Mais, fin 1942, après le débarquement des Alliés en A.F.N, la guerre reprendra pour Joseph et même la présence de la grande bleue à ses portes ne sera plus d’aucun réconfort pour Julienne qui se retrouvera quasiment seule à Fort-de-l’Eau pour se dépatouiller avec sa petite fille jusqu’en février 1945 ! Et aussi sans nouvelle de sa famille puisque plus aucun courrier ne traverse maintenant la Méditerranée !

(1) Tout au long de l’année 1942, Georges CHÉDEVILLE écrira régulièrement à sa sœur et à son beau-frère sur de telles cartes interzones (56 retrouvées, du 13 janvier au 16 octobre). Les « messages non subliminaux » qu’on y trouve, démontrent qu’il faisait partie de ces Français bâillonnés qui n’étaient pas en phase avec la politique officielle de « collaboration » avec l’occupant, et qui se préparaient d’une manière ou d’une autre à « résister » ; ils deviennent d’ailleurs de plus en plus précis et transparents au fur et à mesure que la vigilance épistolaire diminue ! On peut en découvrir un florilège dans le document accessible par le lien ci-dessous : encore une poussière d’histoires qui contribue à faire la « Grande Histoire ! »

 

Extraits des cartes-interzones de Georges CHÉDEVILLE de 1942

 

 

1942 - Marie Thérèse BIBERT

1942 - Marie Thérèse BIBERT

1942 - Marie Thérèse BIBERT

Février 1942 : - Fort-de-l’Eau – 71, avenue Guérouard - Marie Thérèse BIBERT dans son youpala trotteur – Et fin mars 1941, sur…

 

 

Joseph et Marie-Thérèse BIBERT

Julienne et Marie-Thérèse BIBERT

Joseph et Marie-Thérèse BIBERT

Julienne et Marie-Thérèse BIBERT

25 mars et 6 avril 1942 (lundi de Pâques) – Avec les bicyclettes qui, depuis le début de la guerre à Chartres, ont toujours suivi Joseph et Julienne dans leurs périples.

Le chien « Taffy » étant malheureusement passé sous une voiture, c’est maintenant « Youky » qui fait partie de la famille depuis quelques mois.

 

 

Julienne , Joseph et Marie-Thérèse BIBERT

Julienne et Marie-Thérèse BIBERT - Raymonde, Auguste et Dany KUNTZEL

Dimanche 19 avril 1942 – Promenade dominicale au bord de la Méditerranée

Rencontre d’Auguste, Raymonde et Daniel KUNTZEL – Les deux couples resteront des amis très proches jusqu’à la fin de leur vie l

 

 

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 Les sorties « Reconnaissance » et « Camping » du Groupe de Chasse GC III/6 

 

 

Sorties « Reconnaissance » ou « Camping » de la 6ème escadrille du GC III/6 - AFN - 1942

Sorties « Reconnaissance » ou « Camping » de la 6ème escadrille du GC III/6 - AFN - 1942

Les sorties « Reconnaissance » ou « Camping » de la 6ème escadrille du GC III/6 ont été organisées par le capitaine RICHARD, alors que l’activité aérienne étai fortement réduite, dans le but de garder

ses hommes en forme avec un minimum d’entraînement sportif et pour faire en sorte leur moral de s’effondre pas - Celle-ci a eu lieu en mai 1942 sur la plage ouest du Cap Matifou

 

Sorties « Reconnaissance » ou « Camping » de la 6ème escadrille du GC III/6 - AFN - 1942

 

Sorties « Reconnaissance » ou « Camping » de la 6ème escadrille du GC III/6 - AFN - 1942

Sorties « Reconnaissance » ou « Camping » de la 6ème escadrille du GC III/6 - AFN - 1942

On reconnaît en bas à gauche les lieutenants Marie Henri SATGÉ, André CAPDEVIOLLE et l’adj Toussaint LOÏ (2ème, 4ème et 5ème de g. à d.), des pilotes – Le sauteur reste inconnu !

Photo de groupe : le cne RICHARD au centre à côté du sgt MICHAUX (pilote) ; le lieutenant SATGÉ tête nue ; etc… ; le sgt/c BIBERT tenant la sacoche de son « Voigtlander Bessamatic » est tout à gauche

 

 

Sorties « Reconnaissance » ou « Camping » de la 6ème escadrille du GC III/6 - AFN - 1942

Sorties « Reconnaissance » ou « Camping » de la 6ème escadrille du GC III/6 - AFN - 1942

Autre sortie du GC III/6 au mois d’août 1942 – Celle-ci à Jean Bart (maintenant El Marsa), sur le cap Matifou à l’est d'Alger

 

 

 Les jours heureux en famille à Alger du second semestre 1942 

 

 

Joseph BIBERT a 31 ans quand il reçoit ses galons d’adjudant    Joseph BIBERT a 31 ans quand il reçoit ses galons d’adjudant

 

Joseph BIBERT a 31 ans quand il reçoit ses galons d’adjudant. Même, si l’activité aérienne est extrêmement réduite et si ses responsabilités font qu’il n’est plus directement avec des outils en main tous les jours à bichonner les Dewoitine 520, il exprime sur cette photo toute la fierté qu’il a à arborer ses nouveaux galons et surtout l’insigne du « Masque rieur » de la 6ème Escadrille du GC III/6, en posant devant un de SES appareils ; appareils dont ils se sent en effet totalement responsable, en étant d’une forte exigence avec ses camarades mécaniciens ; il n’était pas Alsacien pour rien ! Ceux de ses amis qu’il reverra régulièrement après la guerre ne manqueront jamais de le taquiner à ce sujet ! J’en ai des souvenirs de jeunesse précis !

J’ai vu un jour l’insigne du « masque rieur » dans les affaires de mon père : il le conservait par devers lui très précautionneusement. Mais nous ne l’avons pas retrouvé. Cependant, je suis heureux que celui qui figure en surimpression sur le document ci-dessus appartienne à la fille d’un de ses camarades mécaniciens qui m’en a transmis des photographies ! Il n’a jamais été question pour moi d’acquérir un tel objet anonyme ; reliques rarement mises en vente d’ailleurs, et pour des montants astronomiques ! La seconde petite photo en médaillon a resurgi au décès de ma mère en 2015 ; très abimée, coupée en cercle (2,5 cm), elle était cachée, collée au dos d’une autre, dans son portefeuille, preuve qu’elle ne l’avait pas quittée depuis plus de 70 ans ! ; nous ne la connaissions pas et je l’ai restaurée comme j’ai pu… souvenirs ! souvenirs !

 

Joseph BIBERT a 31 ans quand il reçoit ses galons d’adjudant

Recto – Verso

 

 

Fort-de-l'Eau - Julienne et Marie-Thérèse BIBERT

 

 

Fort-de-l'Eau - Julienne et Joseph BIBERT

Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT

Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT

Jours heureux de l’été 1942 à Fort-de-l’Eau – Marie Thérèse fait ses premiers pas à moins de 10 mois !

 

 

Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT

Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT

Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT

Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT

Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT

Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT Fort-de-l'Eau - Marie-Thérèse BIBERT

Dernières photographies qui ont pu être envoyées à la famille avant le débarquement des Alliés – Au centre, un superbe mouchoir brodé offert par l’épouse d’un aviateur à Marie Thérèse

 

 

 « Stage montagne » dans le massif du Djurjura 

 

 

Tikjda – Tizi n’Kouilal : massif de Djurjura

 

Tikjda – Tizi n’Kouilal : massif de Djurjura

Tikjda – Tizi n’Kouilal : massif de Djurjura

Tikjda – Tizi n’Kouilal : massif de Djurjura

Tikjda – Tizi n’Kouilal : massif de Djurjura

Tikjda – Tizi n’Kouilal : massif de Djurjura

GC III/6 - Stage montagne à Tikjda – Tizi n’Kouilal : massif de Djurjura - Joseph BIBERT (du 31/08/1942 au 23/09/1942 : information relevée dans le cahier d'ordre du Groupe)

 

Joseph BIBERT a ramené les photographies ci-dessus du stage « montagne » à Tizi n’Kouilal (12 km de la station de ski de Tikjda, dans le massif du Djurjura) qu’il a pu faire en septembre 1942. Dans le texte de la troisième partie principale de « L’histoire des Hommes du GC III/6 » ; j’ai écrit : « Il gardera de ces trois semaines un intérêt immense pour la montagne et l’alpinisme et, sans le pratiquer, il dévorera au cours de sa vie des dizaines de livres sur le sujet. Il n’y avait pas de « fête des pères » sans livre de montagne offert ! Il a transmis cette passion, seulement livresque ! à son fils qui a bien complété la collection depuis, et qui connaît par cœur des dizaines de « voies », sans jamais avoir fait la moindre ascension ! »

 

 

 Débarquement des Alliés en A.F.N. – Opération « Torch » – 8 novembre 1942 à l’aube 

 

 

Opération "Torch"  Opération "Torch"  Opération "Torch"

 

 

1942 - Julienne, Joseph et Marie-Thérèse BIBERT

1942 - Julienne, Joseph et Marie-Thérèse BIBERT

1942 -Marie-Thérèse BIBERT

Noël 1942 – Malgré les restrictions, on peut constater que Julienne et Joseph ont tous deux à cœur de se présenter dans des tenues vestimentaires impeccables !

Julienne fait des miracles avec peu de neuf, mais beaucoup de récupération, grâce à la machine à coudre qu’elle a pu se procurer

 

 

Toutes les escadrilles françaises, qui passent alors de fait sous contrôle américain, sont rapidement dispersées à l’intérieur du pays, sur des terrains perdus dans le « bled », et la guerre va reprendre pour les « Aviateurs Français de l’Armistice ». La confiance entre les Alliés et les français d’A.F.N. n’est pas encore au rendez-vous : les combats qui ont eu lieu entre eux les 8 et 9 novembre ont fait de nombreuses victimes, et il faudra du temps pour cicatriser les blessures et accepter de changer les « logiciels ». Ils ont été cités et décorés : en 1940 pour leur lutte en France contre la Luftwaffe, en 1941 pour leur vaillante résistance au Levant (Syrie et Liban) à la R.A.F., face à ce qui était pour eux une agression anglaise contre les intérêts de la France ; étrillés par les Américains à Oran et au Maroc lors de l’opération « Torch » à laquelle ils se sont opposés conformément aux ordres, et ils doivent maintenant reprendre de nouveau la lutte contre les Allemands sur le nouveau front méditerranéen !

N’oublions surtout pas qu’en décembre 1942 les Alliés ont laissé en place l’Amiral DARLAN, fidèle du Maréchal, pour le « politique » et ont installé le général GIRAUD pour le « militaire », et que surtout, ils vont tout faire pour écarter la « France Libre » de de GAULLE. On connaît la suite : Le narcissique DARLAN sera assassiné et le falot GIRAUD se laissera totalement manipuler sans avoir les moindres visions politique et stratégique, et ce n’est finalement qu’en septembre 1943 que le Général de GAULLE pourra prendre le dessus à Alger et tenter seulement alors de fusionner les rares qui l’avaient déjà rejoint avec ceux de « l’Armée d’Afrique », et plus tard avec ceux qui dans l’hexagone occupé constituaient encore l’insignifiante « Armée de l’Armistice ». Ces militaires, sans se poser trop de questions, étaient restés dans leur cœur et dans leurs actes fidèles ou soumis aux ordres des dirigeants « légaux » de la France occupée, c’est-à-dire de « Vichy ». Cette fusion ne sera pas facile, preuve en est que 16 ans plus tard, lors son retour au pouvoir, certaines cicatrices étaient toujours grandes ouvertes dans l’Armée Française ; j’avais13 ans, élève en 4ème dans un internat de l’Armée de l’Air, et j’en ai un souvenir particulièrement précis ! D’ailleurs, dans certains ouvrages publiés au 21ème siècle, dont quelques-uns écrits par des officiers en retraite encore nostalgiques de 1962, les auteurs, refusant l’historiographie traditionnelle, tentent de réécrire l’histoire insidieusement en présentant le « Général » comme un ambitieux en politique et un « surfait » pour le militaire ! C’est un sujet difficile que les jeunes générations ont beaucoup de mal à appréhender, car leurs connaissances sur ce sujet restent très partielles et surtout binaires ; pour eux, comme dans leurs jeux vidéo, il y a « les bons » d’un côté, et « les mauvais » de l’autre ! Mais la vie n’est pas si simple ! Tout mérite nuance !

La nouvelle Chasse Française va donc être occupée maintenant à de fastidieuses missions de « coastal command » (surveillance des côtes) sur des appareils américains compliqués avec lesquels pilotes et mécaniciens auront beaucoup de mal à se familiariser.

Joseph quitte alors Fort-de-l’Eau fin janvier 1942 où il laisse seules son épouse et sa fille, pour vivre jusqu’au printemps 1944 dans des camps de tentes, d’abord à Aïn Sefra, puis à Port-Say et enfin à Lapasset, en ne profitant que de deux courtes permissions pour pouvoir les rejoindre.

Comme tous ceux qui ont vécu cette période agitée, Joseph n’en a jamais beaucoup parlé par la suite, et si l’on sait quelles ont été ses activités et ses conditions d’existence, on ignore ce que pouvaient être alors ses pensées profondes et ses états d’âme. Seules quelques lettres (retourner à la 3ème partie de « L’histoire des Hommes du GC III/6 » ) permettent éventuellement de les imaginer ; je pense que comme beaucoup de militaires, c’était bien pour lui d’obéir aux ordres et de ne pas trop se poser de questions.

Mais on sait qu’il a dû pester de ne plus trouver de bobine de pellicules photo, à part deux ou trois de très mauvaise qualité. Il n’existe donc plus que quelques mauvais clichés de fin 1942 à avril 1945 et ils ont été réservés évidemment à la famille. On ne trouvera donc pas ici d’autres photos des avions du GC III/6, ou de ceux de la 1ère Escadre de chasse où Joseph a été affecté en octobre 1944 comme interprète. Cette Escadre prestigieuse a combattu à partir de la Corse, vers l’Alsace-Lorraine puis en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre !

 

Tampon du vaguemestre du Groupe GC III/6 avec « La Francisque »

 

Cette lettre a été envoyée par Joseph BIBERT à son épouse alors qu’il était perdu dans le son bled algérien, loin d’Alger, six mois après le débarquement des Alliés. Elle permet de comprendre toute l’ambiguïté de la situation politique de l’époque dont il est fait état plus haut. Fin juin, le Général GIRAUD est toujours « Commandant en chef civil et militaire » de l’A.F.N., même si le Général De GAULLE est arrivé à Alger le 30 mai 1943. Bien que GIRAUD se soit flatté dans ses mémoires d’avoir alors déclaré : « je n’ai qu’un seul but, la victoire… », il agit toujours au nom de « l’Etat Français », fidèle au Maréchal, cautionnant et poursuivant encore les efforts effectués précédemment par Darlan pour maintenir en Afrique du Nord les principes de la « révolution nationale » ; le statut des juifs est toujours d’actualité ! Le tampon du vaguemestre du Groupe GC III/6 en témoigne : il porte toujours « La Francisque » en son centre ! Ceci dit, j’ai connu dans ma jeunesse les pièces de petite monnaie en aluminium avec la « Francisque » ; elles ne furent retirées de la circulation que fin 1959 !

Pièce de monnaie avec  "La Francisque »

 

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 1943 

 

 

Julienne et Marie-Thérèse BIBERT

 

En mai 1943, Julienne a cassé sa tirelire pour faire faire cette prise de vue en studio par un photographe d’Alger et la faire parvenir à son mari, parti depuis 4 mois à Aïn Sefra dans le bled algérien

 

 

 Juillet 1943 – « L’expédition de Port-Say » 

 

 

 Juillet 1943 – « L’expédition de Port-Say »

 

Joseph et Julienne BIBERT ont finalement passé les deux années 1941 et 1942 d’une manière assez paisible, même si l’on manque de beaucoup, même si la longue séparation avec leurs familles depuis le premier semestre 1940 est une souffrance. Le nouveau départ de Joseph pour « la guerre », puisque c’est bien comme cela qu’est compris l’installation des terrains de l’Armée de l’Air française sous contrôle américain dans le bled algérien, est une séparation que Julienne va mal vivre, se retrouvant seule avec sa petite-fille de 18 mois à Fort-de-l’Eau, d’autant plus qu’elle est sans nouvelle de sa famille, puisque la circulation du courrier entre l’Algérie et la France occupée est maintenant totalement interrompue depuis novembre 1942.

Si une bonne partie des lettres que Joseph a écrites au cours de l’année 1943 a pu être sauvée, malheureusement, Julienne a brûlé les siennes à la fin de sa vie !

Ce qui est appelé ici « L’expédition de Port-Say », n’est certes qu’une petite anecdote : inutile d’en « raconter » tous les tenants et aboutissements pour comprendre, il suffit de prendre connaissance des deux télégrammes ci-dessous et des quelques extraits de trois lettres et d’un message que Joseph lui a fait parvenir à Alger au début du mois de juillet ! A Julienne de se débrouiller avec si peu pour partir à l’aventure à plus de 600 km d’Alger, mais l’amour peut faire faire des miracles après plus de 5 mois de séparation !

 

Samedi 2 juillet : (grande lettre par porteur vers Alger, donc pas de censure)

Page 2 :

… venir ici, ce serait peut-être faisable ? mais ici, c. à d. dire Port-Say où on loge, il n’y a ni hôtel, ni restaurant qui fonctionne ? De toute façon le jour tu recevras un télégramme qui t’invite à venir fais le sans crainte. Alger – Oran – Marnia. De Marnia à Port-Say, il y a 70 km, il y a une liaison par véhicules – C’est moins risqué, car Oujda - Martimprey– Berkane - Saïdia – c’est le Maroc. Donc en principe si tu viens descends à Marnia. Emmène le nécessaire question vestimentaire pour une dizaine de jours. Pour la nourriture ce sera facile ; il s’agit pour le moment de trouver de quoi te loger, ce qui est plus délicat vu que ce qui était disponible a été occupé par les officiers. Je crois d’ailleurs que Godefroy a l’intention de faire venir sa femme, ce sera ainsi plus facile pour toi si on arriverait à s’entendre. Vimontois d’ailleurs également parle de faire venir sa femme. Donc en principe dans ce cas tu ne seras pas seule à voyager ce qui m’encourage dans ma décision. Pour le moment ne bouge pas mais prépare ou demande les papiers nécessaires…

Page 7 : (suite de la lettre)

… j’apprends que les officiers doivent déménager à Saïdia. Ceci faciliterait beaucoup ta venue ici. Godefroy est parti à la recherche d’une chambre. Donc si jamais tu viens, ne t’embarrasse pas inutilement, et tu peux amener ton caleçon de bain. Donc prépare ce voyage.

22heures…

Cette fois tout est prévu. Tu trouveras à manger et à loger en toute sécurité. Arrange-toi avec Mme. Godefroy et Vimontois, elles sont de la partie. En principe du dois avoir besoin d’aucun papier. Tu prends un billet pour Marnia, à une ou deux stations après Tlemcen. Pour le train renseigne toi. En principe vous passez une nuit à Oran. Retenez une chambre par téléphone (Hôtel Jeanne d’Arc). Arrivée à Marnia, il y a une liaison par le car pour Port-Say. Le car est actuellement en panne, mais il doit remarcher pour votre arrivée que je présume dans 10 jours. A Marnia tu téléphone à la poste de Port-Say qui prend la commission à mon nom et me préviendra de votre arrivée. Vous serez attendu sur la route. S’il n’y a personne, ne prenez pas la grande route, faites-vous arrêter à l’entrée du village et par derrière et sous-bois en longeant la colline vous vous dirigez vers le restaurant du Parc où vous attendez, c’est facile à trouver. Evitez les renseignements aux militaires. Comme communication tu diras : « Prévenez l’adjudant Bibert que son cousin Xavier (voir plus bas) est à Marnia et qu’il prend le car à telle heure pour Port-Say…

… ne te charge pas trop, mais prend quand même assez d’affaires, on ne sait jamais, si ton séjour se prolongerait. Vous mangerez en principe chez une dame très bien qui paraît-il est une comtesse. Je ne vois pas d’autre détails. Tu t’es toujours bien débrouillée pendant les voyages de 39-40 et j’ai confiance. L’eau est très mauvaise ici. Emmène des « léticines » (lire : lécithines) du Dr. Justin pour Kiki. Tu peux emmener short et saroual. Pour le train, prévoyez un casse-croûte. Emmène également du sucre…

 

Dimanche 4 juillet : (lettre remise à un « voyageur » qui a pu être postée à Oran le 5 juillet)

… je pense… que tu es en pleine préparation de l’expédition. Tout se présente bien et je pense que tu n’auras aucun ennui. C’est Vimoutiers qui a expédié les papiers. Si tu peux, il faudrait les récupérer, c. à d. les présenter seulement et ne pas les laisser aux autorités. Il s’agit surtout d’avoir beaucoup de culot et de diplomatie. Tu vas chez une dame très respectable qui en plus est ta tante… il n’y a toujours pas de lumière ici, et si tu peux emmener des bougies, elles seront les bienvenues…

 

Lundi 5 juillet : midi (message écrit au crayon à papier sur une page arrachée à un carnet et transmis par porteur)

J’ai l’occasion par un A/c dont je ne connais pas le nom de te faire parvenir ce petit mot…. Je t’attends avec impatience, tout se présente bien, les papiers, certificat de présence au corps expédié par Vimontois sont faux, évite de les employer. D’autre part Port-Say est en zone interdite, dons méfiance de dévoiler ta vraie destination qui est Marnia. Confiance et courage, tout ira bien…

 

Mercredi 7 juillet : : (courrier soumis à la censure)

… j’attends Xavier le mercredi 13 (code pour Julienne + Marie-Thérèse - Xavier BIBERT, cousin germain de Joseph est aspirant dans une école d’aviation en A.F.N.). Je pense pouvoir être en gare pour le recevoir. Le train doit arriver à M. aux environs de 15h 00. Si je ne peux me déplacer moi-même ; il y aura peut-être un camarade de sa promotion pour l’attendre. De toute façon, il est assez grand pour se débrouiller tout seul – il y aura soit la voiture de la poste, soit le stop pour venir. S’il n’y a rien des deux, je pense avoir une voiture dans la soirée pour venir le prendre. Il m’attendra dans le plus grand bistro du bled que d’ailleurs je ne connais pas…

PS : Il est inutile pour Xavier de s’encombrer de sa bicyclette et je pourrais lui prêter mon matelas pneumatique. S’il n’est pas seul, il peut également prendre un taxi à M.

 

 

 Juillet 1943 – « L’expédition de Port-Say »

 Juillet 1943 – « L’expédition de Port-Say »

 Juillet 1943 – « L’expédition de Port-Say »

 Juillet 1943 – « L’expédition de Port-Say »

 Juillet 1943 – « L’expédition de Port-Say »

 Juillet 1943 – « L’expédition de Port-Say »

L’expédition tout à fait illégale de Julienne et Marie Thérèse BIBERT (23 mois) pour retrouver quelques jours leur époux et père basé à Port-Say ; ils ne s’étaient pas vus depuis plus de cinq mois !

En haut à droite le poste de Douane de Port-Say et sans doute M. VALLIER (douanier dont l’épouse peut-être institutrice ?) - Au centre, les deux télégrammes de Joseph à Julienne BIBERT ; 5 et 10 juillet 1943

En bas un méchoui à Port-Say – Julienne, Joseph et Marie-Thérèse BIBERT, qui ne figurent pas sur ces deux mauvaises photographies, y ont peut-être invités par leurs hôtes, M. et Mme VALLIER ?

 

 

1943 - Marie-Thérèse BIBERT et Youky

1943 - Joseph, Julienne et Marie-Thérèse BIBERT - Youky

1943 - Joseph,et Marie-Thérèse BIBERT

Septembre 1943 – Joseph BIBERT a pu enfin obtenir une permission d’une semaine qu’il a pu passer en famille dans la petite maison de Fort-de- L’eau

Avec les trois photos de Port-Say de juillet, ce sont les seules photographies qui ont été faites au cours de l’année 1943

 

 

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 1944 

 

 

 Octobre / novembre 1944 – Les dernières photographies d’Algérie 

 

 

1944 - Jeanne PERAZZI et ses deux jumelles Jeanine et Monique

1944 - Jeanine et Monique PERAZZI

1944 - Julienne et Maris-Thérèse BIBERT + amies

Trois uniques photographies pour toute l’année 1944 - A gauche : Jeanne PERAZZI, épouse de Roger PERAZZI, mécanicien du GC III/6, et ses deux jumelles Jeanine et Monique

Souffrant d’une grave carence alimentaire en 1942, elles furent sauvées toutes les deux par Julienne BIBERT qui les allaita pendant plusieurs semaines – Ce sont donc deux « sœurs de lait » de Marie-Thérèse

La famille PERAZZI, installée à Châtillon-en-Michaille dans l’Ain et la famille BIBERT restèrent toujours en relations très amicales après la guerre

Au centre, Jeanine PERAZZI, Marie-Thérèse BIBERT (26 mois) et Monique PERAZZI

A droite, 4 épouses d’aviateurs solitaires ; les hommes sont partis avec leurs escadrilles en octobre bouter les Allemands hors de France ; elles attendent impatiemment leur rapatriement en métropole

De gauche à droite : Sans-doute Jeanne PERAZZI , Julienne BIBERT, sans-doute Valentine ROUSSET et Raymonde KUNTZEL (qui vient de perdre son fils Dany d’une méningite foudroyante)

 

 

Julienne BIBERT - Rapatriement

 

Document officiel, « sésame » obtenu par Julienne BIBERT en septembre 1944 pour obtenir son rapatriement, mais celui-ci n’aura finalement lieu qu’en février 1945 !

 

 

Sur cette page, photographies et documents personnels de Joseph et Julienne BIBERT – Reproduction interdite

Mise en page et mise en ligne : François-Xavier BIBERT (03/2022)

 

 

 

 

 

PAGE FINALE de « L’HISTOIRE des HOMMES du GC III/6 »

qui a été écrite et mise en ligne entre 2008 et 2022

 

Sincères remerciements à tous ceux qui m’ont aidé dans cette folle entreprise et

particulièrement à tous ceux qui ont contribué à son illustration par la mise à disposition de leurs archives familiales.

 

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