Germaine L’HERBIER-MONTAGNON

(1895-1986)

Grande Dame de l’Aviation

 

Germaine L'HERBIER MONTAGNON

 

 

 

 

Germaine l’HERBIER-MONTAGNON, « Infirmière Pilote Secouristes de l’Air », les fameuses I.P.S.A. de la Section « Aviation » de la Croix-Rouge française, pilote elle-même, a consacré sa vie à la mémoire des pilotes français et alliés du conflit de 1939-1945.

 

Dédicace de Germaine l'Herbier Lonyagnon

 

Dès la fin de la bataille de France elle commença avec une petite équipe à rechercher les avions français abattus et à identifier les dépouilles de leurs équipages. Avant l’invasion de la zone libre, en novembre 1942, elle avait retrouvé près de 300 avions français et identifié près de 430 aviateurs. À la Libération plus de 200 rapports concernant des avions britanniques abattus sur le sol français, que son équipe avait établis et conservés clandestinement, furent remis aux autorités de Grande Bretagne. Ces résultats spectaculaires incitèrent le chef d'état-major général de l'Armée de l'Air, le général Martial VALIN, à lui confier la mission de rechercher, tant en France, qu’en Belgique, au Pays-Bas, en Allemagne et en Italie, les 530 aviateurs français encore portés disparus. Elle en retrouva et en identifia près de 460. Elle avait mené plus de 800 enquêtes quand en 1948 sa mission fut considérée comme terminée.

 

 

Geneviève l'HERBIER-MONTAGNON   Geneviève l'HERBIER-MONTAGNON   Germaine l'HERBIER-MONTAGNON

Recherches menées par Geneviève L’HERBIER-MONTAGNON et son équipe d’I.P.S.A.

 

Douée pour l’écriture, elle lui consacré quelques ouvrages exceptionnels, relatant les recherches entreprises pour retrouver pendant le conflit la trace des pilotes disparus ou le destin souvent tragique des aviateurs qui à partir de 1940 rejoignirent le Général de Gaulle pour s’engager dans les F.A.F.L. (Forces Aériennes Françaises Libres).

 

Son œuvre littéraire, aussi consacrée à l’histoire de sa région natale, l’Ardèche, a été récompensée par plusieurs prix.

 

 

Décret du 22 juillet 1946 portant nomination dans l’ordre national de la Légion d'honneur.

Par décret en date du 22 juillet 1946, est nommée dans l’ordre national de la Légion d'honneur:

Au grade de chevalier.

L'HERBIER (Germaine), infirmière pilote secouriste de l'air : directrice du service des infirmières pilotes secouristes de l'air, s'est d'abord consacrée aux prisonniers. Dès août 1940, a créé la mission de recherches des morts et disparus de l'armée. A la tête de cette mission, a déployé pendant cinq ans une incessante activité bénévole au profit de l'aviation. Avec une ardeur inlassable, malgré les risques courus, a surmonté une à une les difficultés rencontrées. Après avoir parcouru plus de 100.000 kilomètres en France, en Belgique et en Hollande, a réussi à retrouver et à identifier près de 500 aviateurs français et 1 300 aviateurs alliés. Accréditée dès la Libération pour continuer la recherche des aviateurs sur les territoires ennemis ou occupés, a retrouvé trace de 380 aviateurs français et de 950 aviateurs alliés. Magnifique exemple de courage, de volonté et de dévouement.

 

Général JUIN et Germaine l'HERBIER-MONTAGNON

18 août 1946

Le général JUIN remet la Légion d’Honneur à Germaine L’HERBIER-MONTAGNON

IPSA

 

 

 

 

Bibliographie

 

 

GERMAINE L'HERBIER

 

Notions de NAVIGATION ET MÉTEO

Librairie des sciences aéronautique, F. Louis Vivien, 1939.

 

 

GERMAINE L'HERBIER-MONTAGNON

 

DISPARUS DANS LE CIEL

FASQUELLE, 1942

Prix MONTYON de l'Académie Française, séance du 29 juin 1944.

 

LA COURONNE T'ATTEND

FASQUELLE, 1946.

 

CAP SANS RETOUR

SOLAR, 1948.

Prix Louis MILLER, de l'Académie française

Prix Émile HINZELIN, de la Société des gens de lettres

 

VOS FILS

MARAVAL, 1958.

 

JUSQU'AU SACRIFICE

E.C.LA.I.R 1960.

Prix Maria STAR, Société des gens de lettres

 

CAP SUR UNE ÉTOILE, vie et mort héroïque d’Arlette-Yolande CLAUDE

 (1911-1944)

SUBERVIE, 1961.

 

Quelques étapes de la vie de Claude FAURIEL

Bulletin du Vieux St-Etienne, 1965

 

UN HÉROS DAUPHINOIS ROI DE L'AIR -ADOLPHE PÉGOUD - 1889-1915

A compte d’auteur, 1980.

 

 

GERMAINE PEYRON-MONTAGNON

 

LES TROIS FRÈRES DE TOURNON-SIMIANE AU SERVICE DE L'EMPIRE

Bulletin de la Société d'Archéologie et de Statistique de la Drôme, 1969.

 

UNE FAMILLE MILITAIRE : Les CHARRAS

« L'Association des amis du Buis et des Baronnies », 1970.

 

UN DAUPHINOIS OTAGE DE LA COMMUNE : LE PRÉSIDENT BONJEAN -1804-1871

S. O. R. E. P. I., Valence, Juillet 1973.

 

FRANÇOIS 1ER ET SA FAMILLE. LE DAUPHIN FRANÇOIS MORT À TOURNON - 1518‑1536

SOREPI Valence, Mai 1975

 

CINQ MAISONS ADOSSÉES À L'ÉGLISE SAINT-JULIEN DE TOURNON

Impressions Modernes 1977.

 

CHRONIQUE DE L'ÉGLISE ET PAROISSE SAINT-JULIEN DE TOURNON 1300-1900 Tome I. Impressions Modernes, 1978.

GRANDS NOTABLES DU PREMIER EMPIRE : NOTICES DE BIOGRAPHIE SOCIALE, ARDÈCHE

(CNRS), 1978

 

IPSA

 

 

 

 

 

 Ouvrages ou extraits pouvant être lus en en ligne 

Double-clic sur leur couverture pour accéder au texte complet de deux de ces ouvrages

 

 

 

Navigation et Météo

 

 

Disparus dans le ciel

 

 

Ta couronne t'attend

 

 

Cap sans retour

1939

Ouvrage numérisé en janvier 2019 (FXB)

en mode images et texte

Cliquez sur la couverture ci-dessus  (texte)

1942

Lieutenant Paul MARCHE

Numérisation totale envisagée

1946

Adjudant Maurice ROMEY

Numérisation totale envisagée

1948

Numérisation intégrale (FXB – 02/2014)

Cliquez sur la couverture ci-dessus (texte)

NAVIGATION ET MÉTÉ0

A l'usage des Benjamins de l'air

DISPARUS DANS LE CIEL

Souvenirs de la mission de recherche des morts et disparus de l'Armée de l'air.

Le destin de près de 390 aviateurs tués pendant la Campagne de France

LA COURONNE T’ATTEND

La recherche des derniers aviateurs disparus de 1940, ceux de la Résistance et de la France libre.

Les rencontres avec les familles.

CAP SANS RETOUR

Mémorial des premiers aviateurs des Forces Aériennes Françaises Libres (F.A.F.L.). Préface du Colonel POUYADE, Commandant du groupe de chasse « Normandie-Niemen ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vos fils

Introduction de

Mme la Maréchale Leclerc

Imprimerie Maraval

Saint-Pons (Hérault)

août 1958

 

Jusqu'au sacrifice

 

 

 

1958

Recherche d’un exemplaire

1960

Recherche d’un exemplaire

Numérisation totale envisagée

1961

Arlette Yolande CLAUDE

Extraits + compléments (FXB – 04/2024)

 

VOS FILS

JUSQU’AU SACRIFICE

L'histoire des "I.P.S.A.", Infirmières Pilotes Secouristes de l'Air.

Préface de André François-Poncet.

CAP SUR UNE ÉTOILE

Biographie d’Arlette Yolande CLAUDE

Résistante – Morte pour la France (08/1944)

Sœur de Pierre CLAUDE, pilote au GC II/4

Mort pour la France (09/1939)

 

 

 

La Croix

« DISPARUS DANS LE CIEL » (1)

A la recherche des morts de l'aviation (1940)

Recension parue le lundi 15 février 1943 dans « La Croix »

 

La Croix-Rouge naquit de la réaction généreuse qu'éprouva, devant l'horreur du champ de bataille de Solferino, un jeune commerçant genevois, Henry Dunant. Depuis 1864 cet organisme international dont les couleurs, celles de la Suisse, mais interverties, sont, émouvante coïncidence, une croix sanglante sur fond blanc, est intervenu partout où il y avait le droit à faire respecter, des misères à soulager, du bien à faire, des cœurs à consoler « Inter arma caritas... ».

Quand, après l'ouragan de mai-juin 1940, la guerre eut cessé sur notre sol, une femme au grand cœur, Mme Germaine L'Herbier-Montagnon, entreprit, seule, sans appui, du moins immédiat, avec un dévouement inlassable qui la conduisit - ayant parcouru sur nos routes du Nord et de l'Est plusieurs milliers de kilomètres - à travers les bois, les champs, la neige et le froid, la recherche des appareils et des corps des aviateurs tués au cours de la rapide mais sanglante bataille de France.

Mme L'Herbier appartenait au groupe des infirmières-pilotes et secouristes de l'air - I. P. S. A. - fondé avec le concours des sociétés de Croix-Rouge. Aidée par Mme Dubonnet, pilotée par la princesse Jérôme Murat, elle ne recula ni devant la distance, ni devant la température, ni devant les difficultés de tous ordres. et se rendit en automobile dans le Nord, en Belgique, en Hollande, s'enquérant pieusement des moindres indices permettant l'identification des restes des pilotes, des navigateurs, des mitrailleurs tombés la plupart avec leur avion aux ailes brisées, et carbonisés.

Ses efforts, ses peines, ses démarches, ses fatigues et leurs résultats Mme L'Herbier les a consignés dans un ouvrage dont, dans la préface, le général Chambe a pu dire qu'il est « une œuvre d'action, et la plus pure qui soit ». II fallait toute la généreuse ardeur, toute la piété d'un cœur de femme et de mère pour mener à bien cette tâche pénible, pour rechercher parmi les débris des appareils les numéros et pièces permettant la reconnaissance de l'avion : pour recueillir maternellement les alliances, les boutons, les pauvres reliques reconnaissables parmi les ossements calcinés ; pour assister sans frémir aux exhumations et procéder à l'ensevelissement. Mme L'Herbier le fit, simplement, en hommage aux aviateurs tombés, comme leur grand prédécesseur Guynemer, « en plein ciel de gloire », et en union de cœur et d'âme avec les mères et les épouses qui cherchaient désespérément à savoir quel avait été le sort d'un être aimé, tout en redoutant le moment où elles sauraient, à n'en pouvoir plus douter, que l'enfant ou le mari tant chéri était disparu en plein ciel et qu'il ne reviendrait plus jamais.

Atroces journées de mai et juin. Grande pitié des 100 000 morts de !a guerre de 1940... Partout des épaves dans les champs et aux bords des routes : tanks écrasés autos et charrettes brûlées ou basculées dans les fossés, armes et équipements abandonnés... maisons écroulées, villages déserts, animaux errants. Une abominable odeur de cadavre empestait l'atmosphère. Des morts partout, militaires et civils... Quel serrement de cœur devant une petite photographie publiée dans le volume : dans le fossé, au bord d'une route droite, une tombe, une croix, une planche portant ces mots poignants : « Une femme et un enfant inconnus », et, pendant à l'un des bras de la croix, le petit ours en peluche avec lequel jouait le petit quand la bombe fit son œuvre. Indicible calvaire des mères fuyant la mort !... Mais la mort était plus rapide...

Il fallait faire vite, inhumer au plus tôt ces restes qui étaient déjà devenus, sous le soleil de l'été, « ce je ne sais quoi qui n'a de nom dans aucune langue ». On se servit comme tombes, de cavités toutes prêtes : trous d'obus, de fossés. On enterra souvent pêle-mêle civils et militaires, et même des chevaux. En cette période de désarroi et de panique, que de papiers d'identité non recueillis ou volés, que de tombes non signalées ! Dans certains hôpitaux les cadavres furent abandonnés sur les lits ou à la morgue. Le 14 mai, à Tergnier, les trains de permissionnaires furent cruellement bombardés. Les morts apportés au cimetière de La Fère, à Beautor, furent entassés sous un hangar qui, lui-même, atteint par une bombe incendiaire, flamba. Des cadavres furent carbonisés. Leurs restes furent inhumés en fosse commune. Creil vécut un dimanche d'épouvante ; le 9 juin 1940, vers 15 heures, un bombardement aérien écrasa la vieille ville. Pour se protéger, des centaines de militaires et de civils s'entassèrent dans un grand magasin, « Au bon diable ». On baissa le rideau de fer pour parer les éclats, une bombe incendiaire tomba sur l'immeuble, on essaya vainement d'ouvrir les issues; tout flamba, et tous moururent prisonniers dans la fournaise, avec des hurlements affreux. En juillet seulement on déblayait les décombres, d'où se dégageait une atroce odeur...

Il était ainsi très difficile, parfois impossible, d'identifier ces morts. Plus difficile encore de retrouver et de mettre un nom sur les pauvres ossements des aviateurs ensevelis à la hâte ou demeurés enfermés dans la carcasse de leur appareil brûlé. La plus grande confusion régnait. Un tel était-il prisonnier ? • « Disparu »... cela signifiait, pour la famille, qu'il fallait attendre dans l'angoisse et sans certitude. Mme L'Herbier entreprit la tâche immense de repérer les points de chute des avions ou des aviateurs tombés en parachute. Grâce à ses connaissances particulières d'aviatrice, à son cran, à sa ténacité, elle réussit dans la majorité des cas à replacer un nom sur les ossements de ses amis de l'armée de l'air, tués au cours de combats acharnés où leur courage s'efforçait de pallier leur infériorité numérique Elle fut aidée par la bonne volonté des voisins des lieux où les appareils s'étaient écrasés, des maires, des gendarmes, des gardes champêtres, des curés - tels l'abbé Hubert, curé de Sauville (Ardennes), l'abbé Serpette, à Cantigny, l'abbé Bonduaux, à Zuydcoote (Belgique) qui avaient soigneusement conservé tout ce qui pourrait permettre une identification. Souvent pourtant, dans le Nord, dans les Ardennes, dans l'Aisne, en Belgique, les habitants avaient quitté leur demeure au moment de l'exode. Nul parfois n'avait été témoin de l'écrasement. Il fallait alors examiner les carcasses d'appareil, en déceler le type, vérifier grâce aux documents envoyés par le ministère de l'air la composition des équipages, procéder par déduction, par recoupements. Imagine-t-on l'importance de l'œuvre réalisée par cette femme, luttant seule pour sauver de l'anonymat de la mort ceux qui avaient lutté, dans le ciel, à un contre cinq, contre dix, jusqu'à la fin ?... Toutes les pages de son livre étreignent le cœur.

Pour obtenir des renseignements elle publie des annonces dans la presse locale. De modestes lettres lui apportent des précisions :

« Dans ma pâture, - écrit l'un - il y a un avion et une tombe sans nom dessus. J'ai mis des fis de fer barbelés pour le respect, à cause des bêtes...»

« Le mercredi avant notre exode - annonce un autre - il y a un brave aviateur français qui est tombé en flammes après s'être bagarré tout seul contre douze « Monsieuschmitt ».

« Un avion - dit un troisième - a fait dans mon blé un atterrissage forcé parce qu'il avait reçu un obus et qu'il était en flammes. J'ai ramassé des morceaux d'aviateurs que j'ai « hinumés » près du puits et ma petite met des fleurs dessus chaque jour... »

« Le 7 juin un gros avion est tombé en plaine. J'ai enterré les ossements carbonisés, mais j'ai trouvé un, bout d'enveloppe où il y a « Jean » dessus et puis d'autres bouts de papiers où il y a des chiffres que je sais pas ce que ça veut dire... »

« Lorsqu'on est revenu de l'exode - précisait un autre correspondant - on a trouvé un aviateur mort dans la cour de la ferme. Il était tout empêtré dans des cordes. Une fois, un prêtre qui passait a dit que cet aviateur était un « incognenitau »... Ça devait être un prêtre parce qu'il avait sur lui trois médailles. Pour le moment nous avons seulement écrit sur sa croix : Aviateur prêtre incoguenitau mort pour la France le 20 mai 1940... »

Pauvres lettres malhabiles... Elles signalèrent ainsi à Mme L'Herbier plus de 300 avions abattus. Elle vérifia les renseignements, fit creuser pour rechercher les restes. «  II fallait, ajoute-t-elle, manier ces cadavres. Je ne laissais à personne ce devoir pieux, mais jamais je ne permis qu'en ma présence une femme assistât à cette horreur sans nom. Je voulais que les mères et les épouses en deuil gardent intact le souvenir de leur « vivant ». Combien j'ai enseveli de nos aviateurs, avec tout te respect dû à leur sacrifice, avec toute ma tendresse, et, comme une mère me le recommanda « en le prenant bien doucement dans sa tombe ». Ces glorieuses victimes étaient enfin enterrées dans le cimetière du village, en présence des autorités. Fréquemment, des gens du village abritaient, dans leurs caveaux de famille, l'aviateur mort.

On ne retrouvait parfois qu'une alliance, témoignage d'amour devenu témoignage de mort, une photographie où s'enroulait une mèche de cheveux...

Qui pourrait lire les pages de ce livre sans être fier et sans pleurer aussi ?

C'est le pilote du Leo 45 n°122, sergent-chef Gombert, qui est blessé à la tête. Il est aveugle, le sang ruisselle. Le canonnier Le Guellec s'en aperçoit, dirige la manœuvre par téléphone, et, pendant que l'avion brûle, le pilote aveugle exécute les mouvements...

C'est le célèbre colonel Dagnoux qui redemande à voler, et disparaît le 18 mai : « Un grand aviateur, dira de lui le général d'Harcourt, il l'a été dans sa carrière, il l'a été aussi dans sa mort...»

C'est ce lieutenant, à la cuisse brisée, trouvé mort, assis le dos contre un arbre, et qui, pendant les six jours où il attendit vainement du secours, nota son martyre sur son carnet de route. Ses mains squelettiques serraient encore la photographie de ses enfants...

C'est Maurice Arnoux, gagnant de la coupe Deutsch de la Meurthe et de la coupe Zenith, pilote éblouissant, commandeur de la Légion d'honneur, et qui s'écrase, le 6 juin, près d'Angivillers.

C'est le capitaine de Gail, élève au Séminaire des Carmes, qui est tué en combat aérien le 13 mai 1940.

C'est le lieutenant Pomier-Layrargues qui, avant de mourir vaillamment, contraint à atterrir l'as allemand Moelders, qui trouvera la mort en 1941 dans un accident d'avion, totalisant à ce moment 115 victoires...

Il faudrait les citer tous pour les honorer, ceux du bombardement comme ceux de l'observation, ceux de la chasse comme ceux de l'aéronautique navale, ou les « rampants » Armée solide, ardente, fougueuse, qui méritait bien le livre que Mme l'Herbier a écrit à la mémoire de ses morts. La part de sacrifice de la seule aviation de chasse fut de 104 pilotes tués, 100 disparus. 158 blessés, ceci pour 40 escadrilles, soit 400 avions environ. Les pertes de l'aviation non comprises celles de l'aéronautique navale s'élevèrent à 30 p.100 du personnel navigant. Mme L'Herbier retrouva 250 avions avec leurs 387 tombes

On peut donc conclure, après un chaleureux hommage à l'œuvre de Mme L'Herbier, par ces termes extraits de l'ordre du jour du général d'Harcourt, après l'armistice : « L'aviation de chasse ( et nous disons l'aviation tout court ) peut être fière de la tâche accomplie. Il n'a pas dépendu d'elle que les événements trouvent une autre issue...

Jean PELISSIER

(1) Germaine L'Herbier Montagnon « Disparus dans le ciel » 1 vol. illustré, 280 pages. Fasquelle, éditeur, 35 francs.

 

 

JOURNAL DES DEBATS

« DISPARUS DANS LE CIEL »

Recension parue le mercredi 1er septembre 1943 dans « Le Journal Des Débats Politiques et Littéraires »

 

Existe-t-il un sentiment plus atroce, plus lancinant que celui de l'incertitude ? Mieux vaut, semble-t-il, connaître la vérité si brutale qu'elle puisse être, plutôt que de rester dans l'attente, qu'alternativement espérer et désespérer.

Et pourtant cette incertitude fut et reste encore le lot dramatique de combien de familles qui ignorent, souvent, le sort advenu à l'être cher « disparu » depuis la guerre. Combien de mères et d'épouses se demandent, avec angoisse, si leurs fils ou maris sont morts ou vivants, et, s'ils sont tombés au champ d'honneur ou s'ils furent tués, elles ignorent et ne sauront peut-être jamais où se trouvent leurs tombes sur lesquelles elles pourraient pleurer et prier ! Disparus !...

Or, dans la France du Nord et de l'Est surtout s'élevèrent et s'élèvent encore, depuis l'armistice, de très nombreuses sépultures parfois même des fossés entiers qui ne portent que cette laconique inscription « soldat ou aviateur inconnu ». A travers ces régions labourées par les obus et les bombes, circulèrent, une fois la guerre terminée, des ambulances de la Croix-Rouge, portant secours aux prisonniers enfermés dans des camps improvisés, souffrant la faim, le doute, un découragement sans nom.

Au nombre des ambulancières qui les visitaient se trouvait une femme qui, tout en pensant aux vivants, fut douloureusement surprise de rencontrer, au cours de ses randonnées, tant de tombes dont les morts restaient inconnus. Et, comme c'est une femme au grand cœur, elle conçut, en songeant à la douleur des familles des disparus, un projet grandiose : les identifier. Et Mme Germaine L'Herbier-Montagnon se consacra corps et âme - c'est le cas de le dire - à réaliser sa noble idée.

Mais, aviatrice, -elle appartient, en effet, à l'I.P.S.A. (Infirmières pilotes et secouristes de l'air), elle limita son activité à la recherche des « Disparus dans le ciel ». Aujourd'hui, après deux années d'un travail acharné, ayant eu à vaincre des difficultés sans nombre et de toute nature, cette femme courageuse nous conte avec une simplicité et une modestie sans pareilles, le plan méthodique adopté par elle pour mener à bien la mission qu'elle s'était imposée, les résultats obtenus.

Mme L'Herbier, munie de la liste des morts, de celle de leurs avions et de leurs équipages, procéda de la sorte : elle alla en voiture, par le train, à bicyclette et le plus souvent à pied, retrouver les avions français abattus, reconnaître leur immatriculation, relever les noms d'aviateurs sur les tombes, identifier les morts inconnus, procurer à chacun une sépulture décente. Or les morts, militaires et civils, furent souvent, au cours de la grande panique de l'exode ou sous les bombardements, enterrés hâtivement souvent, sur ces tombes, ne figuraient que des inscriptions fantaisistes, d'autres avaient complètement disparu. Il fallut donc, le plus souvent, exhumer les restes de ces pauvres morts, chercher auprès d'eux un objet quelconque qui puisse être reconnu par la famille ou par des camarades vivants, pour permettre ainsi l'identification de l'aviateur Et ce fut l'intrépide femme qui mania elle-même ces pitoyables débris « humains ». « Je ne laissai à personne ce droit pieux », écrit Mme L'Herbier.

C'est ainsi que, petit à petit, reconstituant l'historique de chaque équipage, elle parvint à reconstituer simultanément ses derniers combats, ses derniers moments, à retrouver les traces de ses glorieux morts, à les ensevelir pieusement.

Ce livre constitue donc, en plus de son côté si profondément humain et unique dans son genre, un véritable documentaire, précis, net, serré. Tous ceux qui, un jour, voudront écrire l'histoire des exploits accomplis dans le ciel par nos aviateurs, au cours de ces tragiques mois de mai-juin 1940 seront obligés d'avoir recours à l'œuvre de Mme L'Herbier : « Disparus dans le ciel ».

Et maintenant, quel est le bilan de cette organisation unique en son genre : « Mission de recherche des morts et disparus de l'armée de l'air », dont Mme L'Herbier fut le chef ?

On sait que l'aviation française se heurta à des forces infiniment supérieures. En effet, lorsque commencèrent les hostilités, l'aviation française comptait, en tout et pour tout, 976 avions, correspondant à un effectif de 2.000 combattants.

Le total général des pertes de l'armée de l'air, y compris le personnel non navigant, fut de 1 500 morts. Il y eut 2 954 prisonniers.

Or, dans le laps de temps allant du 10 mai au 10 juin 1940 seulement, les pertes de l'aviation française furent de 306 avions abattus par l'ennemi, 229 détruits par bombardement, 222 détruits accidentellement ; au total 487 avions représentant 117 tués, dont 56 officiers, 371 disparus dont 145 officiers, 191 blessés dont 79 officiers.

La mission de Mme L'Herbier le concernait que les morts et les disparus dont les lieux d'inhumation étaient ignorés. Or, après deux années de recherches et après avoir procédé à une centaine d'exhumations, elle finit par identifier 250 avions abattus et 387 morts !

Résultat magnifique et qui se passe de tout commentaire. L'armée de l'air et les familles ont ainsi retrouvé, grâce à Mme L'Herbier, leurs morts et leurs disparus. Il ne lui en manque plus que 29 à rechercher et elle fait, .actuellement, tout ce qu'il est humainement possible pour parfaire la noble mission.

Mais il faut lire son livre et cela à un double titre : il est bon, il est réconfortant de constater, une fois de plus, qu'il existe en France, des femmes admirables de courage et de cœur comme Mme L'Herbier et ses collaboratrices. Il est également bon et réconfortant de connaître les exploits héroïques des équipages de France qui, connaissant pertinemment leurs infériorités numérique et souvent technique, allèrent stoïquement affronter la mort. Après avoir lu les « Disparus dans le ciel », personne n'osera plus dire que l'aviation française n'accomplît pas son devoir. Et ceci est, peut-être, le plus grand éloge que l'on puisse faire à l'auteur de ce remarquable ouvrage.

E. M. MATHEY

 

IPSA

 

 

 

 

 

MÉMOIRE de GERMAINE L’HERBIER-MONTAGNON

 

Le 26 juin 2013, alerté par des passionnés de l’aviation à l’initiative de Jean ROBIN et de Vincent LEMAIRE, alors que la concession de la sépulture de Germaine L'Herbier-Montagnon était arrivée à expiration, le Conseil municipal de Tournon-sur-Rhône a attribué à l'unanimité à sa sépulture le caractère d'une « concession honorifique perpétuelle », permettant ainsi à celle qui avait tant fait pour assurer à des aviateurs une sépulture digne de leur sacrifice, de reposer définitivement en paix dans la terre natale qu'elle chérissait.

 

Tombe de Germaine l'Herbier-Montagnon à Tournon-sur-le-Rhône

Photographie Claude DANNAU

 

Tombe de Germaine l'Herbier-Montagnon à Tournon-sur -le-Rhône

 

 

 

 

 

 

 

Mise en page – François-Xavier BIBERT – Février 2014 et janvier 2017

 

Liens :

 

Site de François-Xavier BIBERT : « Les Hommes du GC-III/6 »

 

Voir aussi « Arnould Thiroux de GERVILLIER » et « Correspondances de G.L.M. »

(1) Pilote disparu en 1940, pour lequel G.L.M a œuvré après la découverte de l’épave de son avion en 1941

 

Site « Halifax Groupes Lourds »

« Il faut sauver la sépulture de Germaine L’HERBIER-MONTAGNON »